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Nouveau roman

mise en scène Christophe Honoré

: La lecture

Que représente le Nouveau Roman aujourd’hui ? Une académie. Des auteurs devenus piliers d’études littéraires universitaires, des auteurs qu’on enseigne, mais qu’on lit peu. Des statues. On peinerait dans une rentrée littéraire à débusquer des traces de son influence chez les romanciers d’aujourd’hui. Pas d’héritiers fiers et proclamés. Quelques marques d’un respect distrait. Dans le même temps, on se complait à l’idée que ROBBE-GRILLET, SARRAUTE, DURAS, SIMON représentent chacun à sa manière, la figure romantique du Grand Écrivain, peut-être même sont-ils nos derniers Grands Écrivains, ceux qui assurent encore la renommée de la littérature française à l’étranger.


À l’image de La Nouvelle Vague au cinéma, j’ai l’impression que le Nouveau Roman est devenu vénérable, mais qu’au fond, le milieu littéraire parisien les a au mieux éloignés de leur préoccupation, et plus vraisemblablement bannis. Qu’à l’image de la Nouvelle Vague, nombreux et majoritaires sont « les gens du métier » qui restent persuadés que Le Nouveau Roman a pourri la fiction française, l’a contrainte, étranglée, tuée et qu’il était grand temps que nos écrivains se remettent à écrire des vrais bons gros romans, avec intrigue, sujet et personnages, tels que la littérature américaine n’a jamais cessé d’en produire.


Il y a donc quelque chose qui résiste, transgresse, qui continue de fâcher dans cette entreprise du Nouveau Roman, quelque chose qui fait que ce mouvement demeure, plus de 50 ans après sa naissance, une avant-garde. Cette force, il me semble, on peut la nommer, il s’agit du réalisme, réenvisagé par les nouveaux romanciers, et que NATHALIE SARRAUTE a incroyablement défini: « Ce que j’appelle réalisme, c’est toujours du réel qui n’est pas encore pris dans des formes convenues. »


Le Nouveau Roman, c’est avant tout un groupe d’écrivains dont chacun refuse d’exprimer ou de représenter quelque chose qui existerait déjà (les formes convenues du réel), mais qui cherche au contraire à produire quelque chose qui n’existe pas encore.
On voit bien combien ce projet, à l’époque et aujourd’hui, est antipathique à tout ce que l’idéologie dominante ne cesse de ressasser.


Dans ma mémoire littéraire, les oeuvres du Nouveau Roman correspondent à mes lectures adolescentes. C’est avec DURAS, SARRAUTE, ROBBE-GRILLET que j’ai expérimenté le genre romanesque, et ainsi, je peux dire que j’ai découvert les ruines du roman avant de connaître la splendeur du roman.
Évidemment, ces lectures ont marqué mon goût, je ne m’en suis jamais détaché, même si, étrangement, j’en ai très peu parlé ensuite. Aujourd’hui, alors que j’ai le sentiment d’achever un cycle dans mon travail de cinéaste, j’éprouve le besoin de revenir à l’écriture. Profitant de mon association avec le Théâtre de Lorient, j’ai dans un premier temps écrit une pièce, LA FACULTÉ que j’ai confiée à ÉRIC VIGNER. Puis, j’ai repris la rédaction d’un roman dont l’écriture s’est suspendue depuis cinq ans au gré des tournages successifs. Enfin, j’ai décidé après HUGO et le Romantisme, de mettre en scène un nouveau spectacle autour du Nouveau Roman. Dans les deux ans qui viennent, je replace ainsi la littérature au coeur de mon travail. Et je ne serai pas surpris qu’à l’issue de ce parcours, le prochain film soit une lecture d’une oeuvre romanesque.

Christophe Honoré

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