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Norway.Today

+ d'infos sur le texte de Igor Bauersima traduit par Réjane Dreifuss
mise en scène Hauke Lanz

: Présentation

SYNOPSIS…


Juliette, une jeune femme, erre dans le no man’s land d’un forum de discussion sur internet. Elle lance un appel : qui voudra la rejoindre pour partager son projet de suicide ? Auguste tapote à son tour sur le clavier : lui aussi il veut couper le contact, comme il dit, avec cette vie là, qu’il trouve « fake », bidon, nulle… Il veut mourir avec Juliette, être comme James Dean et Nathalie Wood dans La Fureur de vivre
Le pacte est conclu et les voilà réunis, dans un immense paysage blanc. Ils ont fait jusqu’en Norvège un voyage sans billet de retour. Seuls dans la neige au bord d’une falaise, avec une tente, des sandwichs, de la bière et une caméra, ils s’observent, prennent la mesure du vide, en contrebas…et de la vie ici. Car le réel apporte sa part d’affrontements et de tensions, d’expériences et de transformations. Le tranchant des certitudes s’adoucit, l’intimité dans l'instant présent gagne du terrain sur l’absolu des grandes déclarations. Cela suffira-t-il pour remettre en cause leur projet ? Vont-ils se jeter dans l’abîme ou plonger dans la vie ?




LE PROJET "NORWAY.TODAY"



Hauke Lanz / Sarah Antoine



Ecrite en 2000, "Norway.Today" est la pièce emblématique dans l’œuvre de l’auteur suisse allemand Igor Bauersima. Dans cette pièce, deux jeunes gens, - Juliette et Auguste -, se retrouvent en Norvège pour se suicider ensemble en sautant d’une falaise abrupte. Bien que le suspense quant à l’issu de ce projet persiste tout au long de la pièce, "Norway.Today", portée par une langue moderne et sensible fait plonger le spectateur dans une formidable rencontre existentielle et amoureuse entre ces deux êtres et le monde qui les entoure. Bien que jamais encore joué ni en Belgique ni en France la pièce a été crée une centaine de fois en Europe de Nord ainsi qu’en Amérique et le texte, - fait rare pour une pièce de théâtre -, vient d'être réédité en Allemagne.


La création de "Norway.Today" est prévue en janvier 2006 au Théâtre National de Bruxelles, mais son nouveau directeur, Jean Louis Colinet, propose que cette création soit précédée d’une lecture de la pièce dans le cadre du Festival de Liége en Février 2005, puis de la présentation d’un chantier de la mise en scène, - fruit de six semaines de répétions -, pour un public choisi au Théâtre National le 5 mars 2005.


Hauke Lanz, qui signera la mise en scène de "Norway.Today", est d’origine allemande et a déjà réalisé deux spectacles dans le théâtre public français, Anticlimax de Werner Schwab à la MC 93 de Bobigny en 2002, puis l’année dernière, Erotica Asphyxia, crée au Festival Friction au Théâtre Dijon Bourgogne à Dijon.
Pendant 2 ans il a également été chargé de cours à l’école d’art dramatique européen Florent à Paris autour de la création contemporaine de langue allemande.
Hauke Lanz est un familier de l’écriture d’Igor Bauersima puisqu’il a traduit avec son dramaturge Marc Moreigne une autre pièce de l’auteur, 69, pour les Editions de L’Arche.
Actuellement tous deux travaillent à l’établissement de la version scénique de "Norway.Today".


Sarah Antoine interprétera le rôle de Juliette. Issue du Conservatoire de Liège, elle a joué l'année dernière avec la Cie Buelens Paulina dans "Good Habits" au Kunsten Festival des Arts et dans "Oreste" au Théâtre National dans une mise en sçène de Julien Roy. En 2003 elle a joué avec la Cie Ordinaire dans "Extermination du Peuple" de Werner Schwab dans la mise en scène de Isabelle Gyselinx au Théâtre de la Balsamine.


Sarah Antoine et Hauke Lanz ont fondé la Cie EN COMPAGNIE DES LOUPS en 2004 en Belgique. La Compagnie se consacrera au théâtre contemporain et à la littérature pop. "Norway.Today" est leur premier projet en commun.


Laurent Caron, également issu du Conservatoire de Liège, interprètera le rôle d'Auguste.


Bruno Geslin du Théâtre des Lucioles à Rennes assurera la création vidéo de "Norway.Today". Il a récemment mis en scène Mes jambes, quelle fumée d’après l’œuvre du photographe Pierre Molinier au Théâtre de la Bastille et il a filmé les répétitions d’Anticlimax à la MC 93 de Bobigny.


Nous prévoyons 6 semaines de répétitions entre Janvier et Mars 2005, puis 2 semaines en hiver précédant la création de "Norway.Today" le 31 janvier 2006. La création se fera en Belgique et nous espérons que "Norway.Today" pourra aussi être joué en France.




"NORWAY.TODAY" - LA PIECE



De Sarah Antoine et de Hauke Lanz



"Norway.Today" s’ouvre sur l’apparition de Juliette, une jeune femme. Elle s’adresse au public et l’invite à l’accompagner dans son « projet de suicide ».
Nous nous trouvons dans le no man’s land d’un chat room, un forum de discussion sur le net où Juliette cherche l’âme sœur qui comme elle en a assez de la vie et qui a le culot de se suicider avec elle. Maintenant.
Apparaît Auguste. Il est plus jeune qu’elle, il a environ 20 ans et trouve que tout est « fake » dans la vie. Avec cette vie là, il veut « couper le contact ». Et accompagner Juliette. Dans la mort, ensemble. Comme les acteurs James Dean et Nathalie Wood dans "La Fureur de vivre".
Juliette le trouve beau, et le lui dit .Mais est-il sérieux, vraiment déterminé à en finir ? Elle le sonde. Et ils concluent un pacte : se retrouver quelque part en Norvège, seuls avec une tente, des sandwichs, de la bière, une caméra, dans la neige, au bord d’une falaise. Nulle part au bout du monde, pour se jeter ensemble dans le vide.
Alors que jusqu’ici la relation entre Juliette et Auguste au chat room sur le net était quelque part virtuelle, la scène dévoile maintenant un panorama diffus et blanc, la Norvège qu’imagine Igor Bauersima pour la véritable rencontre des deux personnages.


Ils s’approchent de la falaise en regardant le précipice, tout en continuant leur tchatche.
Que pense-on dans les dernières secondes de sa vie? Dans la chute ? Auguste dit Tu pense : Ca y est !, puis, juste avant le choc tu pense à l’époque, quand tu avais 4 ans, ton père t’avais acheté une glace au citron au Luna Park. Et puis : Boum ! [1]
Que cherche t-on dans la mort ? Juliette dit La liberté absolue et infinie. Tu es Dieu et Dieu ne fait rien. Tu t’imprègnes de tout pendant quelques secondes mais c’est sans retour, pas de pour, ni de contre. [2]
Auguste est fasciné par Juliette et sa détermination, lui même étant plus évasif quand au passage à l'acte. Juliette joue de cette fragilité chez lui et le provoque à coups de moqueries pour qu’il réalise la situation : Tu es au bord du gouffre .T'es à l'autre bout de ta vie non vécue, petit gars. Tu tremblais. (…) J'ai bien vu. Tu as peur.[3] Auguste réplique du tac au tac : J'avais froid. Et depuis que je suis là avec toi et que je t'écoute j'ai encore plus froid.[4] Juliette et Auguste se testent. Savoir pourquoi l’autre est là, au delà des apparences.
Juliette semble être décidée, elle veut se suicider, elle dit, d’avoir tout vécue, d’être rassasiée. Auguste, lui, est pas mal impressionné par une nana comme Juliette, mais face au précipice, il ne la mène pas large. Il a peur, finit par craquer. Mais se calme. Que veut-elle vraiment ? Le voir mourir avant de sauter elle-même ?
Au bord de la falaise ils se disputent et se battent et Juliette tombe. De justesse elle reste suspendue à l’arête du rocher, se balançant du haut du précipice. La situation se retourne et Auguste goûte au plaisir d’avoir le pouvoir sur elle et en joue.
Finalement il aide Juliette à remonter. Epuisés, ils s’assoient dans la neige. D’avoir frôlé de si près le danger, les a malgré eux rapprochés l'un de l'autre.


La nuit tombe. Devant une tente faiblement éclairée en haut du précipice, Auguste, debout, observe le ciel qui s’éclaire soudainement. Une aurore boréale. Juliette sort de la tente et filme le phénomène avec une caméra vidéo. C’est la plus belle chose que j’ai vu depuis longtemps. (…) C’est quand même pas la même chose en vidéo.[5] Ils sont fascinés. Emerveillée, Juliette pose un baiser sur la joue d’Auguste qui se retourne vers elle. J’en avais envie[6] lui dit-elle.
Auguste à son tour prend la camera et filme Juliette. Elle lui dit Demain c’est la fin. Ca, ça il faut qu’on le comprenne maintenant. Tu peux dire tout ce que tu veux, tu peux faire ce que tu veux. Parce que ça fait du bien de faire quelque chose. Ça fait bien plus de bien que de ne pas le faire.[7] La glace se brise et à travers la caméra Juliette et Auguste se dévoilent peu à peu.
Ils disparaissent dans la tente et descendent la fermeture éclair. Sur l’écran au fond de la scène on voit parfois les visages de Juliette et d’Auguste, parfois des partis de leur corps alors qu’ils imaginent à deux voix comment sa main à elle caresserait sa cuisse à lui, comment sa main à lui frôlerait sa poitrine à elle, comment les lèvres d’Auguste embrasseraient le cou de Juliette, combien ils seraient excités.
La pièce atteint son point culminant avec Juliette et Auguste qui sortent de la tente, et, debout, face au public ils imaginent comment ils feraient l’amour ensemble, tandis qu'en contrepoint, sur l’écran, on voit, dédoublés, Juliette et Auguste, qui couchent ensemble dans la tente. Peu à peu évoquer de « faire l'amour » fait naître  « des mots d'amour ». Ils se rendent compte qu’ils s’aiment, qu’ils sont heureux. Et qu’ils vont mourir demain.


A l’aube, Auguste est à l’extérieure de la tente en tenant la caméra. Il filme le panorama, le précipice. Juliette arrive et il la filme. C’est l’heure des adieux. Juliette et Auguste vont se filmer mutuellement pour expliquer leur acte à leurs parents et leurs amis. Mais trouver des mots justes pour raconter ce qu’ils ressentent juste avant la fin est difficile. Et ils font et refont les prises, deviennent les acteurs, qui doivent interpréter leur propre vérité, et il y a tellement de façons de dire sa vérité.


Les certitudes d'alors se fragilisent, laissent place à l'instant présent. Auguste arrête la séance et met toutes les cassettes vidéo dans un sac. Ils s'avancent vers le précipice et jettent les cassettes dans le vide.


"Norway.Today" se termine sur une énigme. Juliette, dans sa dernière réplique, dit à Auguste : Je veux m'en aller.[8] Et Auguste répond Moi aussi.[9]


Vont-ils se jeter dans le vide ? Ou alors plonger dans la vie ?




L’AUTEUR IGOR BAUERSIMA



De Sarah Antoine et de Hauke Lanz


Il existe un paradoxe en ce qui concerne l'auteur Igor Bauersima. Alors que sa pièce "Norway.Today" le hisse subitement de meneur de troupe d'une compagnie de théâtre paisible de Zurich, au rang de « shooting star » du théâtre public allemand, il reste encore superbement ignoré dans le théâtre belge et français.
"Norway.Today" a été crée au Schauspielhaus de Düsseldorf il y quatre ans et est traduit dans seize langues depuis et a été joué une centaine de fois dans des théâtres du monde entier. Sauf en Belgique et en France. Seule les Editions de l’Arche à Paris détient une traduction inédite de la pièce alors que l'éditeur allemand, fait rare pour une pièce de théâtre contemporain, vient de la rééditer.
Pourtant l'auteur Igor Bauersima n'est pas né avec "Norway.Today" mais a écrit à ce jour une quinzaine de pièces, écrites souvent pour ses camarades de la compagnie Off Off de Zurich.
L'architecte, musicien, vidéaste Igor Bauersima fonde la compagnie Off Off au début des années nonante avec deux amis, qui comme lui, ont raté l'entrée au Conservatoire National d'Art Dramatique de Zurich. Ils sont rejoints par une amie psychologue de trente ans qui se fait initier au théâtre par le metteur en scène Igor Bauersima et ses amis acteurs.
Chaque année, Igor Bauersima leur écrit une pièce après avoir observé des improvisations de ses trois acteurs, improvisations découlant des thèmes et des discussions préalables à chaque projet du groupe, comme par exemple, Tourist Saga (1995) ou Godard Forever (1999) qui gagne le prix du Festival allemand Impulse consacré aux compagnies de théâtre émergentes.
Pour la création de "Norway.Today" au Schauspielhaus de Düsseldorf Igor Bauersima a cherché un jeune couple d'acteurs qui sont également un couple dans la vie privée et pendant un week-end ils les invite tous les deux à venir improviser sur les thèmes de la pièce tandis qu'il commence la véritable écriture de sa pièce. La personnalité des acteurs sert ainsi de modèle pour les personnages de la pièce, qui s’inspire de leur propre langage de tous les jours.


Toutes les pièces d'Igor Bauersima sont construites selon un procédé récurrent lisible sur trois niveaux.
D'abord la langue des protagonistes prise dans la vie quotidienne – un langage simple, directe et emprunté au parlé des jeunes baigné de l'univers du net, de la télé et de la musique pop.
Ensuite, le niveau de la construction complexe - entre temps réel et temps imaginaires- des pièces, en contrepoint presque à la simplicité apparente de leur langue.
Puis, troisièmement, la dimension philosophique des pièces et en particulier l'influence du théâtre absurde et ses « fin de parties » cher à Igor Bauersima. Et la « fin de partie » de "Norway.Today" est aussi puisée d'un fait divers réel, en février 2000, une jeune autrichienne conclut un pacte avec un jeune norvégien pour se suicider ensemble en sautant du haut d'une falaise. Ce précédent, inspire Igor Bauersima pour sa fable existentielle "Norway.Today".
Igor Bauersima aime réagir à la réalité en la transformant en une matière épique. Ainsi il situe son adaptation de La mort de Danton de Büchner dans le contexte de la prise d'otages dans le Théâtre de Moscou. L'année dernière il a écrit et crée 69 pour le Schauspielhaus de Düsseldorf, transposition du fait divers du « cannibale de Rothenburg » dans un pamphlet multiforme sur la logique dévorante de notre société de consommation.
Né en 1964 d'un père tchèque et d'une mère russe, Igor Bauersima fait partie aujourd'hui des jeunes auteurs en vogue du théâtre contemporain allemand qui s'inscrit de plein pied dans une littérature qui prend ses racines dans ce qui construit notre ici et maintenant dont "Norway.Today" est une métaphore vertigineuse.




UNE DRAMATURGIE EN 5 MOUVEMENTS



Par Hauke Lanz


Bien que la thématique du suicide parcours la pièce comme un fil rouge, le véritable enjeu de "Norway.Today" n’est-il pas plutôt une tentative de mettre en mots les questions suivantes : Qu’est-ce qui est essentiel dans la vie ? A partir de quelle utopie peut-on transformer sa vie ? Comment vaincre la difficulté de dire ce qu’on ressent ? Et comment parler de l’amour ?


Bien que "Norway.Today" n’est pas vraiment divisé en actes ou en séquences on peut tout même nommer 5 mouvements qui ponctuent la pièce. C’est surtout le rapport et l’atmosphère qui évolue de mouvements en mouvement. Pourquoi nommer ces parties « mouvements » ? Mouvements, parce qu’ils sont un impact dynamique sur les personnages et leur langue, ainsi que sur nous, lecteurs, et spectateurs. Mais finalement ces mouvements se fondent les uns dans les autres, dans une fluidité qui traverse la langue et même les nombreux blancs, - des tirets dans le corps du texte -, présent dans la pièce.


I. Le Net


Juliette et Auguste, les deux protagonistes de "Norway.Today" arrivent de « nulle part » et se rencontrent sur le Net, mais avant de se « connecter » entre eux, ils monologuent frontalement au public en livrant une sorte de manifestes de leur volonté d’en finir avec la vie en impliquant presque le spectateur.


Juliette : Je prie ceux qui n’ont pas l’intention d’en finir avec la vie de ne plus faire attention à moi et même peut-être de quitter ce chat room pour un moment.[10]


Le choix de débuter la pièce sur le Net, un espace virtuel, mais publique par définition dresse ainsi un parallèle intéressant mais ironique avec le théâtre, espace public lui aussi, mais où la présence des êtres est réel. Ce rapport au public, provocateur par moment, se déplace progressivement vers une conversation qui commence à s’engager entre Juliette et Auguste en tramant le pacte qui va les conduire en Norvège pour se suicider ensemble : Longue vie à la mort ![11] Une quête d’authenticité.
De l’anonymat vers l’inconnu. Partir.


II. Premières pas solitaires dans la neige


La scène s’ouvre sur un paysage vierge de toute civilisation et digne d'un tableau du peintre romantique allemand Caspar David Friedrich ; le décor de la mise en œuvre d'un autre « idéal », la mise en scène de leur propre mort. Juliette illustre bien cette idéalisation de la mort, - un peu dans l’esprit « Live fast, die young ! » -, quand elle cite le film culte "La fureur de vivre" avec James Dean en se comparant à l'actrice Nathalie Wood qui s’est suicidée en se noyant. Nathalie Wood, elle est une putain de star et sa mort, une énigme.[12]
Il y a un décalage patent entre les idéaux et le discours des deux protagonistes. Leur langue est simple, « trop » simple pour mettre en mots leurs sensations. Comme si la grandeur de l'utopie et la « petitesse » des mots ne pouvaient jamais se rejoindre.


Je veux me taire éternellement[13] dit Juliette, elle voudrait arrêter le flot des mots qui n’exprime jamais vraiment son état d’esprit, ses sensations à elle. Auguste, lui, est dans le même paradoxe, mais n’arrive pas à se taire, et ce dont il parle n’est pas toujours à la hauteur de la situation.
Une situation, qui les dépasse d’ailleurs.


Face à l’inconnu, il parle. Aussi, pour calmer sa peur. Et pour découvrir qui est Juliette, sa compagne pour la mort, rencontré dans l’anonymat du Net :



Juliette : Tu me forces à parler pour ne rien dire.
Auguste : Tu voulais voir quelqu'un qui fait face à la mort. Et voilà. Voilà à quoi ça ressemble quelqu'un qui va mourir. Il parle. Quelle connerie !
Juliette : Il dit des conneries.[14]


Même si le doute persiste tout au long de la pièce, à savoir si Juliette et Auguste vont oui ou non sauter de la falaise, par la situation de non retour qu’ils se sont crée eux-mêmes en prenant un aller simple en Norvège, ils se sont placés dans un contexte existentiel et nouveau. Le contraire de toute routine, auquel ils ont résolument voulu tourner le dos. Une routine, dont leur langue se fait pourtant encore écho. C’est comme si leur langue à eux n’était pas encore acclimatée au grand nord de la mort, maintenant à leur porté. Le fait que Juliette et Auguste n’ont pas encore trouvé une langue « appropriée » à la situation qui les dépasse, - trop grande pour eux -, crée un décalage qui rend ces protagonistes si touchant et tellement humain. Le décalage de la chaleur de deux mois d’été, - juillet et août -, dans un monde de glace.


Sans cesse l’approche de la fin est évoquée. Non par fatalisme, parce que Juliette et Auguste restent maître de leur destin. Mais pour célébrer l’instant présent qui acquiert du coup un statut d’exception.


Juliette : Dis quelque chose ! Emotions, allez ! Fais confiance à tes instincts. Si tu dis pas quelque chose d’émotionnel dans les trois secondes, je saute. Un, deux, trois ![15]


III. L’immersion de l’autre - Pourquoi est-ce que personne ne voit des aurores boréales ?


Vivre l’instant présent, quand on sent ou prétend, comme Juliette, qu’on a plus beaucoup de temps [16], c’est la quête de cette présence que les protagonistes poursuivent de plus en plus tandis que la pièce avance.

Juliette trébuche et se retient avec une main à l’arête du rocher se balançant au-dessus du précipice. La peur de tomber pour de bon, le soulagement quand Auguste l’aide à remonter.
Plus tard dans la pièce, l’apparition d’une aurore boréale – phénomène naturelle très rare – va enchanter Juliette et Auguste. Deux moments dans la pièce qui agissent directement sur la sensibilité et la langue des protagonistes.
Deux stations dans la pièce qui amorcent aussi une ouverture de Juliette et d’Auguste l’un envers l’autre et le monde qui les entoure.
Une ouverture qui a pour effet un glissement dans la langue qui se fait surtout sentir après l’apparition de l’aurore boréale. La lumière les fascine. Ensemble ils en rient et d’une manière inattendue Juliette dit juste à Auguste Je t’aime bien [17] et l’embrasse furtivement sur la tempe. Comme par enchantement c’est là le prolongement de la jolie complicité qui s’est progressivement installée entre eux et qui a rendu ce rapprochement possible. Mais toute de suite, la pudeur s’installe à nouveau, Pourquoi est-ce que t’as fait ça ?[18] demande Auguste maladroitement. Touché aussi. Comme ça, j’en avais envie [19] dit-elle. La glace est brisée, mais le contexte reste celui d’un pacte de se suicider ensemble. A terme, au moins.
D’un coté un but si extrême et absolu, - le suicide collectif dans la nature vierge de la montagne norvégienne -, et de l’autre les personnages d’Igor Bauersima - cool, mais pudiques, à la découverte d’eux-mêmes d’instant en instant. Et c’est justement ce décalage qui nous facilite l’identification avec des personnages comme Auguste et Juliette. Parce que nos rêves les plus fous se heurtent avec la réalité. Nos rêves aussi sont souvent en décalage avec ce que nous vivons. Sinon la vie serait sans doute un rêve.


IV. La scène d’amour - du corps virtuel à l'amour réel


Il y a un autre « acteur », virtuel celui-là. Juliette a amené une caméra vidéo, qui a déjà servi pour filmer l’aurore boréale, captation décevante d’ailleurs. Peut-être qu’on peut pas filmer ce genre de lumière [20] concède Auguste au vu de la prise. Mais de manière aléatoire Juliette et Auguste commencent à se filmer mutuellement, sans que cela semble avoir un impact sur eux. Comme si, d’être celui qui filme l’autre, - d’être caché derrière l’objectif, comme on dit -, les protégeait d’un face à face plus direct. Un jeu de cache-cache s’installe alors entre eux. Caméra en main, ils entrent dans la tente et ferment la fermeture éclair. Seules leurs voix amplifiées dans la tente et l’image d’eux sur l’écran au fond de la scène nous lient désormais encore à Juliette et Auguste.
Tu trembles[21] entend-on dire Juliette, J’ai froid [22] lui dit la voix d’Auguste et la didascalie nous suggère qu’ils s’approchent l’un de l’autre.
L’intime, ce qui d’ordinaire est caché, est ici littéralement amplifié et projeté dans l’espace. Et l’imaginaire s’ouvre : Qu’on le fasse là, tout nu et tout, ça, tu te l’étais pas imaginé non plus… [23] lui dit-elle. Imaginé, si [24], lui répond-il.
« Imaginer », se sera le leitmotiv du point culminant de "Norway.Today" : Mais on doit le faire ou bien ? [25] dit Juliette et de manière superbe, Auguste évoque l’essence même du théâtre en disant On pourrait aussi se l’imaginer plus précisément. [26]
L’essence même du théâtre c’est cela : l’acte réel, faire l’amour, mourir, ne peut être que évoqué, désiré, joué. Cette impossibilité propre au théâtre, le fait de ne pas pouvoir passer réellement à l’acte, nous fait naviguer à travers les associations et les évocations ouvrant les portes de l’imaginaire du spectateur. Les portes de l’imaginaire s’ouvrent, parce que nos rêves, nos désirs de meurtres, et nos conquêtes sont pour la plupart des chimères de nos fantasmes. De rêverie en rêverie l’inconscient peut ainsi dialoguer avec la scène et les signes qu’elle envoie. Je pense qu’ensuite, je passerais et repasserais avec ma main [27] dit-elle dans l’espace depuis la tente, et sa voix à elle lui dit Et après, avec la main, j’essayerais d’avancer vers le soutien-gorge, sans que ça paraisse trop [28] et sa voix à lui, lui dit Je sentirais ton odeur. Et puis, je te regarderais encore. Et je me dirais, il est super beau, celui-là. [29]
Alors que sur l’écran on voit toujours l’image de Juliette et d’Auguste, simultanément les deux protagonistes, continuent leur récit en sortant de la tente et sont maintenant débout, face au public. Leur récit de leur scène d’amour imaginaire continu à se déployer, accompagnés de la projection de leur propre image sous la forme de deux amants. Le décalage initiale entre la simple présence immobile de Juliette et d’Auguste et leur paroles sur leurs ébats amoureux et imaginaires se retrouve seulement unit dans la projection, - dans tout les sens du terme -, sur l’écran. Une abstraction spatiale dédoublée, qui libère l’émotion. Un dédoublement propre à notre imaginaire.
Juliette : Et j’espérais que le baiser ne s’arrête pas et que tout ce qui a été jusqu’à présent commence à s’effriter et à se désintégrer en moi et qu’il y ait toujours plus de place pour toi, dans moi.[30]


Dédoublé. Et l’acte est double. Puisque l’amour prend la place de la mort. Les glissements dans la langue en témoignent. Plus tôt, dans la pièce Auguste trouve le projet de Juliette de se suicider ensemble inquiétant. Incrédule il lui demande à ce propos Comme ça, à deux et tout ? [31] Lorsqu’ils imaginent ensemble leurs ébats amoureux le même Auguste dit à Juliette Qu’on le fasse là, tout nu et tout, ça, tu te l’étais pas imaginé non plus.[32]
Je suis heureuse, dit Juliette, Moi aussi, dit Auguste. Demain on va mourir, dit encore Juliette, Oui [33], répond encore Auguste.
La « petite mort » [34], - comme George Bataille a décrit la jouissance -, prend la place de la grande, la vraie mort. Si au théâtre l’amour et la mort ne peuvent jamais être réels, la scène peut pourtant jouer avec l’un et l’autre. « Disparaître » dans l’acte érotique et amoureux d’un coté, le mirage de la disparition irréversible dans la mort, de l’autre.
Je suis tellement heureuse dit encore Juliette, Moi aussi [35] dit encore Auguste. La « scène d’amour » c’est muté en mots tendres, en lien amoureux. Au lieu de sauter, ils se séduisent.


V. Prises de vue pour une fin


Le matin, à l’aube, l’atmosphère a changé. Allez, il faut qu’on finisse [36] dit Juliette d’un ton sec et Auguste installe la caméra. Oui, pourquoi la caméra ? Comme ça. Parce que je voulais que, qu’il reste quelque chose… [37] Cette caméra, qui n’avait jamais encore vraiment trouvé son sens dramaturgique, servira maintenant pour enregistrer les adieux d’Auguste et de Juliette à leurs proches. Les prises qu’ils font d’eux, sont leurs « empreintes », qui resteront quand eux-mêmes ne seront plus de ce monde : Caméra tourne ! [38] Mais tourner quoi ? En alternance Juliette et Auguste se filment progressivement, comparent les prises et cherchent à dire ce qu’ils ressentent entre le projet de suicide qui attend toujours son exécution et ce qu’ils ont tous les deux traversé. Quelque chose a changé en eux, mais ils ne s’en rendent pas encore compte. C’est pas tous les jours que je me suicide, bordel. Je veux que ça donne bien. [39] Mais Juliette, par des mots simples, commence à réaliser pourquoi elle cherchait un partenaire pour la mort, Depuis toujours, je voulais mourir avec ceux que j’aime. Pour ne pas avoir à vivre la séparation.[40] Un partenaire pour la vie, un partenaire pour la mort.
Mais qui sont Auguste et Juliette ? Et qu’est ce qui les pousse au suicide ? Des réponses à ces questions commencent seulement à apparaître maintenant, J’ai tout vu, j’ai ingurgité le monde entier. J’ai goûté à tout,[41] dit Juliette. Aujourd’hui, je devance mon destin et je me jette là en bas, dans le malheur, avant qu’il me tombe dessus.[42] Même si, pour l’heure, ces raisons là ne semblent pas encore très « convaincantes ».
Il faut rappeler ici qu’Igor Bauersima est un auteur suisse allemand, basé à Zurich, une ville prospère et où des problèmes matériels sont presque exotiques. Mais « pouvoir tout acheter » n’exclue ni état d’âmes ni dépressions, loin de là. « Riche », « pauvre », le problème ici ne réside sans doute pas là. Quelque soit la société, - plus ou moins prospère -, en Europe, elle est régit par un monde matérialiste qui génère une routine auquel peu de choses échappent : les phénomènes de la nature, l’amour et la mort sont des rares domaines qui échappent par leur essence à l’emprise des rouages de la société. Dans "Norway.Today" Auguste et Juliette sont le temps de la durée de la pièce aux antipodes de la société, même si celle-ci les rattrape évidemment de temps à autre.


Juliette : … Et je voulais vous dire au revoir à vous tous et vous serrer fort et vous consoler et vous dire que tout ira bien et que … parce que ça vous… parce que… éteins ce truc… [43]


Au fils des prises, la surprise et l'étonnement apparaissent, le fait de devoir se réentendre parler, - parfois ils visionnent leurs prises -, pour aussitôt les refaire, « faire mieux », la prochaine fois. Ils s’approchent ainsi de leur vérité. Au lieu de se jeter dans le vide en sautant du précipice, ils tombent dans les « trous » de leurs discours, amplifiés encore par le fait qu’ils se filment.
Et à travers leurs discours « troués » ils s’approchent d’eux-mêmes, réalisant que leur perception de leur état d’esprit a évolué. [44] [45] dira maintenant Juliette.
Auguste fait une dernière prise, une dernière tentative de dire ce qu’il ressent et ce qu’il n’arrive pas à dire. Et c’est justement cette tentative qui est touchante : … Oui et Juliette, c’est une copine. Juliette. Je… Elle est.... Bon, je suis… en fait… oui. Bon, je voulais en fait… Je voulais vous expliquer pourquoi je fais, ce que je vais faire là, mais… là, honnêtement, je sais plus. Aucune idée. Désolé. [46]


Les cassettes vidéo, « les témoignes », finissent dans un sac et sont jetés par Auguste du haut du précipice. Avec Juliette il les regarde tomber.
Juliette et Auguste sont « seuls » maintenant, sans « traces », sans « témoins ». La chute, la mort a peut être quelque part eu lieu. A travers la transformation, la rencontre amoureuse de l’autre et la découverte d’événements uniques autre que la mort, comme l’aurore boréale. La « mort » d’un certain discours aussi, qui lui aussi c’est muté et transformé. L’image filmée est « sacrifiée ». La caméra, qui filmait, et qui donnait cette impression d’être comme un filtre entre la véritable rencontre entre Juliette et Auguste.
Certes, le suspense dans la pièce demeure au delà de la fin. Se suicident-ils ? - Peut-être pas. Parce que maintenant Juliette et Auguste n’ont plus besoin de fuir.





LA MISE EN SCENE / SCENOGRAPHIE / VIDEO / MUSIQUE



Par Hauke Lanz


Le projet de mise en scène sur lequel je travaille pour "Norway.Today" cherche surtout à capter l’esprit et le climat de la langue des deux protagonistes, Juliette et Auguste. Le spectateur devrait pouvoir s’identifier facilement avec les deux personnages pour mieux pouvoir entrer dans la « Norvège » de la pièce, plus abstraite et en contrepoint avec les deux personnages, comme l’indique déjà le contraste entre juillet/août, les protagonistes, et le « Grand Nord », la scène, où ils errent.
Même si le dispositif scénique, - la figuration de la falaise, l’écran au fond de la scène, l’insert éphémère de quelques images vidéo, par instants d’une musique – est léger et au service du texte, ses differents éléments conditionnent le travail avec les acteurs.
Ces éléments sont pensés comme un ensemble. Si nous pouvons répéter "Norway.Today" durant 6 semaines, au moins trois semaines devront pouvoir se faire avec tous les éléments scénographiques.



I. La Langue


Dans le travail, le récit des deux acteurs devra être dénudé de toute théâtralité superflue, pour laisser place à une diction plus intimiste et proche de notre parler quotidien, comme le ton employé devant la caméra, par exemple. Un parler, qui se situe à l opposé du pathos, sur un ton proche du parler naturel des acteurs, qui interprètent le rôle. L’emploi des micros par moments devrait faciliter ce travail sur l’intime, dont il est beaucoup question dans la pièce.
C’est en allant vers une langue « anti-théâtrale », en restituant au théâtre notre parler à nous que l'esprit de "Norway.Today" peut se matérialiser. A travers notre « langue » à nous, avec toute sa banalité apparente, mais aussi avec toute sa fragilité apparaît le désir dans toute sa mouvance.


II. La scénographie


Normalement, quand on parle d’une pièce avec 2 personnages on est automatiquement tenté de le concevoir dans une petite salle avec une jauge réduite. J’ai eu la chance de pouvoir rencontrer Igor Bauersima, il y a quelques mois à Paris, et il m’a au contraire encouragé à tenter d’avoir la scène la plus vaste possible pour scénographier "Norway.Today".
Juliette et Auguste se retrouvent en Norvège, dans la nature vierge pour se suicider ensemble. Un grand plateau nu pourrait davantage renforcer la solitude des personnages, perdus au milieu de nulle part.
J’ai initialement imaginé un plateau dominé par un grand monte charge en fer sur lequel joueront les deux acteurs, figurant la falaise et la hauteur du précipice. Mais aujourd’hui je commence à préférer l’idée d’un plateau de 5m par 5m suspendu par des chaînes depuis les cintres. Cette scénographie, plus abstraite comme image pour figurer une falaise, aurait l’avantage de donner une impression d’instabilité permanente puisque le plateau suspendu ne sera jamais vraiment stable et les acteurs pourront intégrer cette dimension dans leur jeu. Le spectateur doit pouvoir imaginer que les acteurs peuvent décider de sauter à tout moment, voire de tomber par accident, comme il arrive presque à Juliette au milieu de la pièce.[47]
Les acteurs seront sécurisés par des baudrillers, qui auront l’avantage aussi, au-delà des impératifs de sécurité d’avoir une esthétique « alpiniste », en résonance avec l’endroit où nos protagonistes sont censés se trouver.


La scène tout autour sera pendrillonnée de blanc, le sol sera recouvert d’éclats de verre blanc qui à la fois accentueront la présence du danger et évoqueront les cristaux de neige. Mais autant les personnages sont habités par la vie, autant la scène est froide et mentale.



III. La vidéo


La mise en scène de Norway.Today nécessite l’utilisation d’une caméra vidéo, lien aussi entre Juliette et Auguste. Au fond de la scène est installé un grand écran blanc. Les images vidéo sont soit des images filmées en direct et projetées en simultané - comme les adieux, par exemple - soit préenregistrées - comme pour la « Scène d’amour » dans la tente. De sorte que le spectateur peut avoir un doute si telle ou telle image est « live ». Ces projections vidéo, inscrites dans la dramaturgie même de la pièce, ne doivent pourtant pas trop dominer l’estethique de la mise en scène. C’est l’aspect fantomatique de ses projections que je recherche, puisque ces images sont les pâles empreintes des personnages, initialement censés leur survivre. Ce sont au contraire elles, qui seront « sacrifiées » par Auguste à la fin de la pièce quand il jette les cassettes vidéo du haut du précipice.
Parfois apparaît sur l’écran l'image de la mire de réglage de télévision, la neige cathodique, d'une Norvège imaginaire.



IV. La musique


De temps à autre, les actions scéniques sont ponctuées par des mélodies pop mises en boucles ce qui produira un effet entêtant chez le spectateur. Ces musiques seront pour la plus part du temps en sourdine, et augmenteront en volume seulement à certains moments charnières de la mise en scène. Ces mélodies pop en boucle situeront aussi la pièce quelque part dans la culture pop avec laquelle Igor Bauersima flirte souvent et qui donne tout l’humour à la pièce.


Oui, c’est cette legerté de ton, ce coté cool, mais pudique des personnages qu’une mise en scène la plus fine possible doit tenter de faire vivre le temps d’une représentation.



POURQUOI MONTER "NORWAY.TODAY" AUJOURD’HUI ?



De Sarah Antoine et de Hauke Lanz



Nous avons choisit de travailler sur Norway.Today d’Igor Bauersima non seulement pour partager la découverte d’un nouvel auteur mais surtout pour le pouvoir de la pièce d’aborder la crise la plus profonde, - l’envie de se suicider -, de manière si ludique, avec le sourire en quelque sorte. Igor Bauersima réussit à transposer dans une modernité quasi « pop » l’enjeu essentiel du théâtre : jouer avec le coté obscure de l’âme, et d’états d’âme, il est beaucoup question ici. Mais le fait d’en jouer transforme et illumine ce qui semble sombre et opprimant.
A travers des gens comme vous et moi, Juliette et Auguste, nous sommes emmener ailleurs, loin du côté monotone de la vie dans une mise en question à la fois radicale et sensible de l’existence elle-même : Quel est le sens que nous avons envie de donner à notre vie ? Sur un ton à la fois cool et grave, Juliette et Auguste nous renvoient à nos propres contradictions et à notre incapacité parfois d’exprimer nos désirs et nos rêves. Plus encore, ils nous poussent à les vivre. Maintenant. Parce que dans Norway.Today la présence constant de la mort génère une vitalité incroyable. C’est dans ce sens là, qu’il faudra peut-être que nous partions tous un jour dans cette Norvège-là.

Notes

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[34] Dans Les Larmes d’Eros de Georges Bataille, Pauvert, Paris, 1961

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[43] Page 55

[44] Le truc, c’est que je n’ai pas goûté à tout

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[46] Page 62

[47] Page 32 : Juliette trébuche et tombe. De justesse, elle arrive à se retenir avec une main à l’arête du rocher.

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