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Ne plus rien dire

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mise en scène Joël Maillard

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LIEN


Ce monologue est d’abord l’histoire d’un étrange duo.
Cette femme et cet homme, appelons-les Mona et Rolf, se rencontrent dans des circonstances peu claires. Les fondements et les contours de leur relation sont volontairement mal définis, mais il apparaît clairement que celle-ci est hors-norme, sans limite. C’est une union qui échappe aux classifications.


MUTISME


Quelqu’un disparait, mais sans mourir. En continuant à vivre, mais dans un état de fermeture maximale. En se murant dans le silence, Rolf devient un vivant presque aussi inaccessible qu’un mort. Comme quelqu’un dans le coma, à qui on peut parler mais sans savoir si nos paroles sont perçues, qu’on peut toucher mais sans savoir s’il le sent, qu’on peut secouer mais dont on ne peut rien attendre, dont on espère, désespérément, le retour à la vie, la vraie, celle qui compte.


On n’a plus accès à lui, mais lui, a-t-il encore accès aux autres ? Il se tait, mais est-ce qu’il écoute ? Est-ce qu’il entend mieux depuis qu’il se tait, ou est-ce qu’au contraire son silence crée du silence ?


Se taire est une posture radicale et violente. Je voudrais qu’on ressente cette ambiguïté : si le silence de Rolf est un refuge, il est peut-être aussi une sorte d’enfer. En creux, apparaît donc la beauté, toute potentielle, de la parole (par exemple ce calembour : l’enfer me ment).


Mais pourquoi s’est-il tu ?
On peut supposer qu’il ne supportait plus, par exemple, l’intrusion de la publicité dans tous les domaines de la vie, la quête obligatoire du profit à tous les échelons sociaux, l’atrophie des imaginaires par les blockbusters, la marchandisation des personnes et la personnification des marchés, etc.


Incapable de se protéger de l’agression, incapable de se suicider (ce n’est pas donné à tout le monde), il a choisi cette voie parallèle : se soustraire au tumulte. Avec quelle efficacité ? On ne sait pas.


Son silence a peut-être d’autres causes, mais on ne les connaît pas. Saurait-il seulement les formuler s’il pouvait encore parler ? Le langage reste un outil assez peu opérant lorsqu’il s’agit d’expliquer en quoi la perspective de cesser de vivre est aussi peu tolérable que celle de continuer à vivre.


Ermite au milieu de la foule, Rolf vit dans un autre monde, régi par d’autres règles, dont il le seul occupant. Un autiste volontaire (même si cliniquement ça n’existe pas). Un homme-île déserte.


Impossible de savoir non plus ce qu’il aurait trouvé dans le silence…

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