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Marat-Sade

+ d'infos sur le texte de Peter Weiss traduit par Jean Baudrillard
mise en scène Christophe Rouxel

: La pièce

Cette pièce est à la fois un document historique (relatant l'assassinat du révolutionnaire Marat en 1793), un psychodrame (la représentation est donnée par les malades de l'hospice de Charenton en 1808, sous Napoléon, devant le public parisien), et une dispute philosophique entre Sade l'individualiste et Marat le collectiviste.


L’auteur confesse prendre quelques libertés avec l’Histoire en confrontant Marat à Jacques Roux (le défroqué socialiste), en faisant de Duperret (le député Girondin) l’amoureux de Charlotte Corday. Mais nous sommes au niveau de ces gloses sur la Révolution (française) qui comme le Danton de Büchner dépassent largement le drame historique objectif. Il s’agit bien plus au fond de recréer l’Histoire à partir de la situation donnée et des acteurs en présence à la manière du psychodrame des thérapeutes.


Ce sont les internés de l’hospice de Charenton qui, sous la direction de Sade et le patronage du directeur Coulmier, représentent la mort de Marat. Celui qui joue Marat est un paranoïaque, retenu dans sa baignoire par un traitement hydrothérapique ; Charlotte Corday est une hypotonique souffrant d’insomnie et se comportant en somnambule ; Duperret est un érotomane. Roux est un fanatique de la politique. Le quatuor des chanteurs illustre l’action de chansons, mimes et gaudrioles, cependant que le reste des malades représentant la foule et le chœur est retenu dans ses accès subits par un commando de bonnes sœurs masculinement athlétiques et d’infirmiers à tabliers de bouchers.
L’essai est poussé à bout avec une ingéniosité remarquable grâce à une distanciation résultant du « jeu sans jeu » et de son décalage dans le temps (nous sommes en 1808). Grâce aussi à la participation improvisatrice des acteurs dans leurs psychoses, des spectateurs dans leurs réactions de censure, le tout étant réglé par la baguette magistrale du Marquis de Sade.


Sur le refrain « Révolution, copulation, nation, Charenton » la préparation du meurtre coïncide avec une orgie de revendication et de révolte.


Marat est à la fois le grand prêtre et le bouc émissaire de la Terreur. Son meurtre se situe au paroxysme de la Révolution au delà duquel le citoyen redevient sujet, le malade se soumet à son infirmier, la nation s’asservit à son nouveau Père, Napoléon.


Extraits du Dictionnaire encyclopédique du Théâtre, Philippe Ivernel
et de la post-face de Marat-Sade aux Editions du Seuil

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