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Loin de Corpus Christi

mise en scène Michael Delaunoy

: Les chapitres de l’Histoire

Cette fresque dans le temps et dans l’espace brasse des destins terriblement humains en même tant qu’elle parcourt des grands chapitres politiques du 20e siècle, du maccarthysme à la chute du mur de Berlin, de la fuite du nazisme à l’ouverture des archives de la police secrète est-allemande.


Puisant dans son amour pour le cinéma, Pellet construit un théâtre très libre, basé sur l’éclatement spatial et temporel, où l’action fait des allers et retours incessants, où les protagonistes se ressemblent, se dupliquent voire se substituent l’un à l’autre. Au coeur de cette page de l’histoire, les thèmes de l’amour, de l’amitié, de la confiance, de l’engagement prennent toute leur place. Et au beau milieu de ces passions humaines, Christophe Pellet rend compte du monde, bien réel, de la seconde moitié du siècle passé.


Loin de Corpus Christi met en scène des hommes et des femmes plongés dans les tourments de leurs histoires personnelles autant que dans ceux de l’Histoire. La fi gure de Bertolt Brecht, qui fait souvent référence pour les mouvements d’extrême-gauche en Europe, traverse ce récit et le rend d’autant plus réaliste que le comédien Richard Hart, objet des recherches d’Anne Wittgenstein, a réellement existé. Homme de théâtre allemand, Bertolt Brecht s’était réfugié aux Etats-Unis en 1941 et écrivait des scénarii pour la Metro Goldwyn Mayer.


A la fi n des années 40, la chasse aux sorcières fait rage à Hollywood et traque les affinités communistes au sein des artistes. De manière sournoise, la délation s’immisce dans le milieu du cinéma -« Hart devait être sous contrat à la MGM, un studio très réactionnaire : les hommes de main de Mc Carthy y ont déjà établi leurs listes noires. Tout est déjà gangrené à l’époque » évoque un ami de Anne, spécialiste du cinéma, au début du texte. Richard Hart, fraîchement « débarqué » de sa campagne du Sud, se laisse ainsi prendre aux paroles de celui qu’il considère comme un ami, Fredricksen, et qui lui assure « Tu ne dénonces pas : tu informes ».


A la fin de sa vie, accusée d’affinités communistes et s’étant réfugiée à Berlin, Norma donne son sentiment sur le climat de dénonciation : « L’ennemi n’est pas celui qui nous dénonce. Le délateur est une victime lui aussi. Le véritable ennemi, c’est l’Etat et cet ennemi n’a pas de visage ». La même Norma apprendra, en 2001 lors des ouvertures des archives de la Stasi (police est-allemande), qu’elle a été surveillée à nouveau, durant ses années d’exil en Allemagne. Un étouffement de liberté qui la rend doublement blessée.

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