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Les Souffrances de Job

mise en scène Laurent Brethome

: Extrait

CHAPITRE II : LES MESSAGERS DE LA MISÈRE


Job et les convives sont assoupis. Entre le Premier Messager de la misère.


Premier messager – Seigneur,
j’apporte une mauvaise nouvelle.
(un temps)
Une mauvaise nouvelle, Seigneur.
(Job ne réagit pas. Le messager lève la voix)
Seigneur, une très mauvaise nouvelle.
Une très très mauvaise nouvelle.
(il secoue Job)
Excusez-moi d’insister, Seigneur,
mais c’est comme ça avec les mauvaises nouvelles
– je n’y suis pour rien –
elles arrivent toujours de nuit,
celui à qui on doit les annoncer dort,
nous, on est obligés de le réveiller, pas question
de le laisser un instant de plus
dans l’ignorance de son malheur.
(il secoue Job plus énergiquement)
Seigneur, j’ai une très mauvaise nouvelle,
pour vous, elle vous est destinée en propre,
rien à faire, je dois vous l’annoncer !


Job – Ne crie pas, je digère !


Premier messager – Eh bien, Seigneur, voyons comment
vous allez digérer celle-là :
un tremblement de terre a détruit
votre mine de fer au Liban.
Cent quatre-vingts esclaves ont péri, enterrés vivants.


Job(se redresse, abasourdi)
Démens ! Si tu as une once d’humanité – démens
ce que tu viens de dire !


Premier messager – Quand bien même le ferais-je ;
les murs qui se sont écroulés
se redresseraient-ils ?


Job – Ma petite mine de fer !
Ma petite mine de fer chérie !
Je sais maintenant ce que ressent
Un homme à qui on arrache un bras et une jambe.
Cette mine de fer au Liban, c’était la moitié de mes biens.


Il se lève.


Premier messager – Où allez-vous, Seigneur ?
Ce qui devait être fait – a été fait ;
La police enquête.
Vos comptables dressent le bilan.
Vos avocats rédigent les demandes d’indemnisation
qu’ils vont envoyer à Rome, au Trésor impérial.
L’empereur ne s’est-il pas porté garant des capitaux investis
dans le développement de ses colonies ?
Il sort.


Job – Voilà, il m’arrive
ce qui n’arrive qu’aux autres.
Pire encore.
Oui, il m’arrive le pire.
Si chaque homme ici-bas doit avoir sa part
de douleur et de souffrance,
J’ai payé mon tribut.
Merci, mon Dieu, maintenant je suis quitte.

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