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Les Souffrances de Job

mise en scène Laurent Brethome

: Scénographie et costumes

Ils seront neuf. Neuf pour tenir sur leurs épaules une trentaine de rôles. Hormis le comédien qui interprètera Job, tous les autres incarneront son « cauchemar collectif ». Au-delà des contraintes financières, c’est avant tout un choix artistique qui m’entraîne à cette extrémité de distribution. Il me semble fondamental de convoquer sur le plateau une troupe de comédiens, tantôt mendiants, tantôt clowns tristes, tantôt militaires.
Pour le public, s’appuyer sur l’acteur qui joue Job comme un fil rouge, voir ses camarades qui l’entourent s’amuser de sa déchéance, au grand jeu de la métamorphose et de la multiplicité des apparitions. Raconter l’implacable qui s’abat sur Job ; métaphoriser physiquement la torture morale et corporelle d’un grand pantin maltraité par ses petits camarades.
Neuf donc pour tout jouer. Neuf à tout articuler. Neuf sur le plateau comme autant de musiciens, de chanteurs, de machinos ou de danseurs.


Raisonner le plateau comme un espace de vie désarticulé où l’on ne cache rien, un espace de mort en devenir, entièrement géré par les comédiens en plateau, un espace dédié entièrement à Job, à ses joies et à ses douleurs. Donner à la « tribu » un espace de jeu suffisamment grand pour permettre la mise en place de la magie théâtrale, de celle qui devra s’écrire chaque soir sous les yeux de chaque spectateur, d’une magie qui crée une grande machine de jeu implacable, broyante, bruyante, drôle et tragique.


La scénographie se construit sur une idée simple.
Désireux dans un premier temps de partir d’un « trop plein de » (vie) pour aller jusqu’à « une petite » (mort), il me semblait fastidieux d’être dans une représentation naturaliste des choses, voire dans l’illusion. C’est donc dans un principe total d’allusion que nous allons concevoir cette scénographie.


Le procédé scénographique est à la fois très simple et délicieusement complexe : une toile. Une toile de quinze mètres sur vingt environ, reliée en divers points par des guindes et des poulies qui permettront de lui donner tantôt la forme d’un mur, tantôt d’une table, d’un chapiteau ou d’un entonnoir. Cette toile peinte de manière réfléchie pourra en divers points se déchirer pour laisser place à des apparitions d’objets ou de corps. Manipulée à vue par les comédiens en plateau, elle sera un grand prétexte à jouer, ombre projetée bienveillante ou terrifiante selon l’usage. Être dans l’allusion, c’est également une nécessité pour traiter les problèmes posés à la mise en jeu (nudité de Job, empalement, absorption de vomi par les mendiants). Il faut trouver l’endroit où la poésie s’exprimera sans occulter les défis lancés par Levin au metteur en scène.


Sans détailler par avance les problèmes qui se règleront pendant le temps de la répétition, je pense pouvoir néanmoins aujourd’hui avancer un exemple de résolution qui conditionnera l’ensemble du travail.
La nudité de Job, par exemple, est une chose difficile à appréhender. Il ne me paraît pas intéressant d’imposer pour le comédien et pour les spectateurs la vision d’un homme nu les troisquarts de la pièce. Après avoir travaillé avec le scénographe sur l’esthétique de l’ensemble du spectacle, il m’a semblé important au milieu d’une pièce si « noire » de la décliner sur un ensemble en coloris de gris et de blanc.
L’univers mis en place sera extrêmement sobre, voire très « beau ».
La pièce s’étirant dans le sang et la crasse, il me paraissait important de ne pas être dans un commentaire du récit et donc de lui opposer une esthétique résolument clinquante. Job sera normalement vêtu en blanc de la tête aux pieds, seul son visage ne sera pas recouvert par la toile du vêtement. Lorsqu’il devra enlever ses habits pour passer au stade de la nudité, son corps sera entièrement peint en gris. Ce corps, déformé ou magnifié par cette nouvelle peau, sera une bienveillante protection pour l’acteur et un léger film transparent pour le spectateur. Allusion…

Laurent Brethome

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