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Les Criminels

mise en scène Richard Brunel

: Les Criminels, un exemple de "montage" pour Peter Szondi

« À la scène simultanée correspond ici, dans la dimension temporelle, la poursuite parallèle de cinq actions isolées. Il existe bien sûr un rapport entre elles. Non que, comme la forme dramatique le réclamerait, elles soient reliées entre elles en une situation concrète, mais parce qu’elles sont unies par la relation qu’elles entretiennent chacune avec le même thème, à savoir l’accord ou le désaccord entre la juridiction et la justice. Ce n’est pas seulement une pièce sur la vie déparée des hommes, mais aussi en même temps sur la problématique de la justice. »


(…).


« Le premier acte expose, en une juxtaposition ou une succession libre, le chemin qui a conduit quelques occupants de la maison au crime : une vieille dame ruinée vend les bijoux que son beaufrère lui a confiés pour pouvoir élever ses enfants. Une jeune fille veut se suicider avec son enfant nouveau-né, mais elle prend peur devant la mort, sauve sa vie, et devient ainsi une mère infanticide. Une cuisinière tue sa rivale et détourne les soupçons sur son bien-aimé pour se venger de lui du même coup. Un jeune homme fait un faux témoignage devant le tribunal au profit d’un maître chanteur, parce qu’il veut cacher son homosexualité. Et un jeune employé met la main dans la caisse, pour pouvoir partir à l’étranger avec la mère de son ami. Le premier acte décrit tout cela, mais pas dramatiquement, non pas dans l’engrenage des divers moments, mais dans une succession lâche, en se limitant à quelques scènes qui renvoient au passé et à l’avenir et font davantage allusion à la véritable action qu’elles ne la représentent. Les scènes ne s’engendrent pas les unes les autres comme dans le drame. »


(…).


À la diversité du premier acte s’oppose l’unité du second. Même si le principe de la scène simultanée est conservé, et si les trois étages de la maison sont remplacés par ceux du palais de justice, le rapport entre les espaces et les actions est tout autre. Leur simultanéité le cède à leur identité qui se manifeste devant le tribunal. Ils ne montrent plus les différents aspects de la vie dans une grande ville, mais l’uniformité mécanique de la juridiction. Une modification formelle la reflète. Le changement de scènes ne repose plus sur la liberté de l’auteur épique, qui se tourne tantôt vers un groupe de personnages, tantôt vers un autre. L’essentiel est maintenant que les fragments des différents débats se regroupent pour donner une image unifiée du tribunal.»


Peter Szondi, Théorie du drame moderne,
Éditions L’Âge d’homme, p. 105-107

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