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Le Socle des vertiges

mise en scène Dieudonné Niangouna

: Note d’intention de mise en scène

J’aborde une scène qui ressemble à une fabrique, où les gladiateurs ont crevé leurs javelots, et les sorcières ne cessent de battre de l’argile pour fabriquer des potions et des filtres en scaphandre humain, où les femmes habillent les hommes de bois. Un jeu sardonique qui commence au détour des spectateurs, virevolte à la première modulation d’intention qui fait naître la dramatisation, un rythme saccadé s’adonne et le tout se bat à la mesure de cette injonction. Arrive la vitesse de croisière, sauf qu’avant le dénouement de chaque scène un tableau parasite s’infiltre dans le précédent pour le voir caricaturer et sortir de sa nature de jeu. Le jeu se poursuit à cette ultime convention, drainée par la musique, enrobée par des ambiances sonores et endurcie par des matériaux qui s’érigent sur la scène, sculptures, tableaux, phrases. L’acteur trouve son répondant dans le virtuel, images filmées et projetées sujettes à trahir la pensée de l’acteur et non du personnage. Une manière de partager la distance que le jeu octroie au jeu, à la scène et à sa relation avec le public. Détacher la pensée de l’intention du jeu. L’acteur doit jouer son personnage et les spectateurs lire le cheminement de sa construction.


J’élabore une relation que j’intitule « entrée-sortie » dans le corps de l’autre entre les comédiens sur le plateau qui doivent non pas s’accaparer l’histoire de l’autre mais voler son interprétation pour le faire respirer, comme au relais, et donner au fur et à mesure sa touche particulière dans la convention pour à son tour être volé par un autre. Cinq comédiens, sinon quatre et un régisseur plateau se mettant en scène, tournent autour du texte. Il faudrait au préalable magnifier le texte comme une sculpture, un objet plastique, posé, à un endroit précis et visible du plateau et des spectateurs. Deux comédiens principaux interprètent respectivement les rôles Fido, Roger, pendant que les deux autres s’activent à les récréer en des choses à l’aide du régisseur plateau pour les voler ensuite en les interprétant. Le vol du personnage doit être progressif, d’abord le vol du comédien, il doit être gluant en partant de l’argile battue, de la sueur du comédien, et de sa pensée traduite par la vidéo. Le glissement doit être tangible, toujours circulaire, jusqu’à le faire accepter comme une évidence. Cette ritournelle gagne en intensité à chaque fois que la gamme du saxophone gagne une octave. Cette musique fait mettre le corps en rotation, fait naître une chorégraphie intuitive.


Je propose un jour qui dure le temps d’une série de saisons à repousser sans cesse la nuit. Un soleil sur le plateau, une chaleur chronique, une fièvre pèchue. Des couleurs vives, des fulgurances, beaucoup d’éclats. Comme si le plafond lui-même était une poêle sur le feu et la scénographie le foyer ardent et les personnages le coeur même de la fournaise.

Dieudonné Niangouna

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