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Le Sang des amis

mise en scène Jean Boillot

: Notes de mise en scène

Pour rêver la mise en scène, j’ai eu envie de rapprocher Jean-Marie Piemme de Jean Genet. Ces deux hommes de théâtre ont des obsessions communes : le pouvoir de l’Image et l’Image du Pouvoir, la trahison et l’ambivalence des signes.



Ambivalence dans l’espace
Pour faire témoigner les morts du Sang des amis, j’ai envie d’emprunter le rêve de théâtre de Genet. Notre théâtre pourrait être construit sur un cimetière où les paroles des victimes des quatre guerres civiles s’incarneront dans le corps des acteurs tels les mimes funéraires de la Rome Antique qui faisaient revivre et mourir les morts. Nous reproduirons des rituels funéraires, anciens ou modernes, occidentaux ou non : nos jeux seront syncrétiques, à la fois graves et ludiques.



Ambivalence dans le jeu
La troupe est composée de 7 acteurs/mimes funéraires pour jouer une quarantaine de rôles.
Elément premier du théâtre qui affirme ainsi sa convention, le changement de rôles se fera à vue. Il fera partie de l’écriture scénique dans un espace sans coulisse. Nous donnerons à chacun des acteurs des personnages dont la succession fera sens (un même acteur pour jouer la victime et le bourreau, le père et le fils…). Le corps de l’acteur sera comme le champ de la guerre civile où s’incarneront les concordes et discordes de Rome.
Les changements de rôles pourront être signifiés simplement, à la manière d’un jeu d’enfant, ou à la manière du « théâtre naturel » de Brecht, ou bien encore comme au cabaret : une voix différente, une accentuation physique, un signe, accompagné d’un bout de récit pour resituer la scène. Ils pourront être approfondis par la mise d’un costume ou l’utilisation d’un accessoire favorisant l’incarnation et l’identification au personnage. Ainsi l’acteur aura-t-il recours à différents degrés ou registres d’imitation selon les nécessités de notre récit.


Ecriture sonore
J’attache beaucoup de soin à l’écriture sonore de mes spectacles en travaillant étroitement avec des musiciens. Mon théâtre est autant fait pour les yeux que pour les oreilles. Dans Coriolan, la musique jouait un rôle important. No Way, Veronica m’a ouvert des perspectives nouvelles : un récit sonore autonome qui joue avec le récit dramatique, la spatialisation de la diffusion sonore, la mise en jeu par le comédien du son, l’amplification et la transformation vocale qui permet de nouvelles nuances, la construction d’images sonores grâce à la reconstitution acoustique d’une profondeur de champs. C’est ce que je veux reprendre et développer ici, notamment en empruntant à la radio ses modes de récits (en particulier les actualités et les fictions radiophoniques). Mettre en scène un studio de radio où se fabrique un récit sonore, c’est montrer la fabrique de l’Histoire et du politique. La radio est depuis son invention un témoin et un acteur privilégié de l’Histoire. J’ai à l’esprit De Gaulle à la BBC, le discours de Salvador Allende à Radio Magallanes, la Révolution des Œillets déclenchée par une chanson révolutionnaire sur la radio nationale portugaise.
La musique du Sang des amis sera composée par Laurent Sellier et produite en direct par un orgue électrique. Elle sera jouée par un des acteurs (Medhi Bourayou). L’orgue participe au sacré, à la liturgie des morts. Il remplit l’espace de la représentation et relie par sa puissance toute l’assistance. Nous travaillerons des bandes qui dialogueront avec le geste musical. Les interventions sonores développeront un point de vue spécifique et dialogueront avec le récit dramatique.

Jean Boillot

octobre 2008

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