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Le Point de Godwin

+ d'infos sur le texte de Damien Gabriac
mise en scène Damien Gabriac

: Marguerite et Robert

Extrait d'une réponse faite par Damien Gabriac à un autre auteur du cycle de créations « Portraits avec paysage ».

(…) Ensuite oui, Marguerite Duras/Robert Antelme, La douleur/L’espèce humaine… oui, là c’est la limite, oui. Deux fois oui. C’est avec ça que je désire me confronter. C’est peut-être terroriste, dans l’intouchable de ce dont on ne peut parler, si on ne l'a pas vécu. Mais voilà aujourd’hui ma démarche est celle là, à 25 ans, moi qui ne suis ni enfant soldat congolais, ni kamikaze tchétchène, dans quel rapport de vie je me place pour comprendre les mécanismes qui conduisent à une apocalypse du vivant. Je tente de me placer là où ça fait mal, là où ça touche, là où chacun a une pensée physique, poétique, philosophique de cette fin de l’humanité là, ici et maintenant. L’holocauste.


Et puis il y a Dieu, et le manque dans mon histoire, donc l’infini, donc oui j’ai le droit de parler avec des personnages qui s’appellent Robert et Marguerite, et de parler de l’holocauste, c’est notre histoire, même si elle reste insaisissable, il nous appartient à tous d’en être traversé. Et puis il y a surtout sur Internet le fameux point Godwin qui est le lien intelligent de toute la pièce. Car aujourd’hui sur internet c’est la guerre. Lire les commentaires, les forums, de n’importe quel site d’information. C’est la guerre parce qu’on ne se voit pas, on s’écrit dessus, comme on se pisserait dessus, les uns sur les autres je veux dire.


Alors ce lien : histoire d’amour, histoire d’holocauste, histoire d’internet, histoire de dieu…


Est-ce que c’est drôle ? Pas sûr. Peut-être. Est-ce que c’est tragique ? Pas sûr. Peut-être. Est-ce que c’est interdit ? Surement pas. Est-ce que c’est délicat ? Certainement. Est-ce que se poser des questions là-dessus et l’écrire c’est indécent ? Je ne sais pas.


Et puis détail : il y a dans le texte, une citation de « Vengeance ? », un essai de Robert Antelme. C’est ça la question. Vengeance ? Dans la vengeance et c’est ça le plus terrible, il y a de l’humour : lorsque les résistants rasaient et violaient les femmes qui avaient couché avec des soldats allemands ça les faisaient bien rigoler ; lorsque les alliés en 45 dessinaient de petits motifs sur les bombes qui allaient raser quelques villes allemandes, ils ont du bien se taper des barres de rires ; et sur la bombe atomique, accrocher un petit message dessus, ça devait être vraiment l’éclate sur le moment pour ces pilotes américains ; et torturer un détenu de Guantanamo en le harcelant sexuellement et en lui mettant du faux sang de menstruation sur le visage et prendre des photos avec lui à quatre pattes, et ben sur la photo on se marre, parce que le 11 septembre, parce que le 11 septembre… Voilà de quoi ça parle, de ces gens-là, qui rient de toutes leurs dents, à ce moment-là. Je ne les juge pas. Je parle de ça. De ce jeu de la mort, on se venge, et on devient avec la joie de vivre, un monstre, parce que, parce que… la mémoire vive… la mémoire brûle. (…)

Damien Gabriac

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