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Le Monte-plats

+ d'infos sur le texte de Harold Pinter traduit par Eric Kahane
mise en scène Carolina Pecheny

: Notes de mise en scène et autres digressions

J’aime l’absurde. Les contradictions et les atmosphères étranges. C’est peut-être le fait d’être née à Buenos Aires ; une ville où il ne faut pas chercher à comprendre. Elle est légère, violente, drôle, absurde, menaçante et pleine d’humour. L’absurde fait partie des mœurs dans cette ville où les paroles d’un tango déclarent que « la vie est une blessure absurde ».
Pinter navigue dans l’absurdité avec aisance, avec lui on se laisse porter par l’histoire dans un temps suspendu et incertain, plein de non-dits, d’événements fous qui tendent les situations sans qu’on sache exactement pourquoi.
Je voudrais que tout soit centré sur le texte, sur l’enchaînement des dialogues, sans artifice, le jeu subtil des comédiens comme dans les films de Jim Jarmusch.
Dans la pièce l’arrivée du monte-plats fait basculer l’histoire complètement dans une autre logique ; un élément tout puissant, grand ordonnateur qui descend des hauteurs comme le Big Brother de 1984 d’Orwell. Nos protagonistes subissent ses ordres sans questionnement. La comédie apparaît par les situations absurdes vécues presque naturellement.
Un monte-plats totalitaire dans un monde clos fait sa loi sur des tueurs à gage. L’appréhension grandit, la tension et la peur aussi sans qu’on connaisse la source exacte.
L’espace de jeu, je l’imagine très simple, hyperréaliste, juste des murs impersonnels d’une cave avec deux petits lits d’appoint.
Je voudrais respecter le plus possible les indications de l’auteur qui me semblent d’une pertinence absolue quant aux costumes et aux didascalies.
Pinter ne donne pas toutes les clés, il raconte une histoire avec des indices, des énigmes. Il nous laisse errer et trouver nos propres signes, nous laisse voyager dans les méandres de notre propre pensée.
A travers ces non-dits Pinter nous entraîne sur le terrain de la peur. De la peur de ne pas savoir. La question est : qui est le prochain mort ? Cela concerne même notre propre existence. Comment l’ordre établi sans questionnements nous fait subir les situations les plus tendues sans que nous ayons pleinement conscience, impuissant d’inverser le cours des choses. En même temps il nous guide fragilement dans un monde d’opposés : l’extérieur et le huis clos, les clés et les portes fermées, la parole et le silence, l’humour et l’angoisse ; des questions sans réponses.

Carolina Pecheny

avril 2011

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