Monologue à deux voix

Tout au long de la création du Monologue d’Adramélech, nous avons travaillé sur ce qui nous a animé lors de notre rencontre avec ce texte :
La danse perpétuelle de la langue sur un rythme effréné ; performance d’une déblatération où une multitude de voix se croisent et se relayent sur un souffle unique.

Nous avons vu là l’occasion d’expérimenter le dédoublement d’un personnage tout en conservant intact ce flot de paroles par une répartition libre du texte et un investissement de l’espace chaque fois revisité.

Comme deux solistes sur une même partition, utiliser nos instruments à air pour faire vivre le même personnage. Une surenchère de la parole comparable en cela au dialogue musical, par exemple dans un mouvement free-jazz. La langue et ses sons deviennent musique et rythme.

Conduit par l’énergie de la présence au drame et à l’espace, un nouveau rythme d’échange, de choeur et de silence apparaît à chaque représentation.

Le Monologue d'Adramélech était à l'origine un quadrilogue, jusqu'au jour où «tout s'est réuni, comme les éléments d'une tempête». , par exemple entre deux musiciens de jazz dont les phrasés, mutuellement mimétiques sont aussi mutuellement provocants.

Novarina parle de " représenter un seul personnage par un char de vingt- deux acteurs, comme au carnaval "

Nous proposons de représenter un char de trente-cinq personnages par deux acteurs, comme le transformiste Leopoldo Frégoli, opérer 35 transformations à vue.

L’espace obscur est le lieu du Babil. C’est la lumière, dirigée serrée avec grande précision, qui sert de costume en ne plaçant sous son faisceau que des parties morcelées des acteurs.

Les personnages - morceaux d’acteurs - entrent et sortent de rayons étroits de lumière. De même, leur voix sont contrefaîtes, précisément fabriquées et orchestrées à représenter leur nature. la voix est utilisée comme un masque dans leur représentation.

La lumière éclate soudain quand «s’élève la voix d’Adramélech, à midi, en plein milieu du babil»....