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Le Monologue d'Adramélech

+ d'infos sur le texte de Valère Novarina
mise en scène Thomas Poulard

: C’est déjà mon tour de parler (ce que nous on va essayer de faire)

Mettre en scène le Monologue d’Adramélech est une plongée à la fois passionnante et exigeante dans un univers débridé, follement baroque.


Nous sommes, comme cela vient d’être souligné, dans un théâtre d’acteur. A priori, les thèses développées par Novarina sur sa propre œuvre pourraient induire que le metteur en scène doit se taire et laisser l’acteur se débrouiller tout seul. Malheureusement, entre la radicalité d’une théorie et la pratique, il y a souvent un grand fossé. Le danger d’une telle littérature est de laisser le comédien débiter son texte, dans une sorte d’italienne géante, dans une déambulation creuse, et d’être face à un magma de mots incompréhensible et au final inaudible voire insupportable pour le spectateur. Notre objectif est à la fois de faire entendre cette parole, de la rendre intelligible mais aussi vivante. Il faut, comme dans tout spectacle, donner à entendre mais aussi donner à voir.


Travailler avec l’acteur qui joue le Monologue, c’est d’abord être au plus près de langue. C’est voir avec lui comment ça se dit et à qui ça se dit. Les adresses sont extrêmement importantes. On découvre alors qu’il s’agit d’un monologue à plusieurs voix. Adramélech parle de lui à la première mais aussi à la troisième personne, s’interpelle à la seconde, s’adresse à Dieu, aux spectateurs et incarne d’autres personnages. En cherchant à se raconter, il s’explose lui-même dans toutes les autres identités qui le traversent. Trouver comment ça se dit, c’est aussi essayer de respecter la musicalité, s’aider de la ponctuation, trouver le rythme juste, les ruptures, les respirations pour que le sens apparaisse.


Travailler avec l’acteur qui joue le Monologue, c’est fatalement et irrémédiablement donner du sens. Pour capter l’attention du spectateur, il faut que tout soit vu par le comédien. Si chaque passage n’est pas vu ou rendu concret alors lui et moi aurons mal travaillé. A nous de construire notre propre histoire. C’est patiemment et laborieusement qu’on s’aperçoit en fait que cette matière textuelle est très architecturée.


Travailler avec l’acteur qui joue le Monologue, c’est aussi s’amuser à restituer différents types d’expressions, de phrases et de mots, détournés de leur emploi ou de leur situation usuelle : anathèmes, prophéties, jurons, slogans, interjections, chansonnette, complainte, dialogues de courtoisie, récitations etc. Travailler avec l’acteur qui joue le Monologue, c’est creuser toujours plus profond et découvrir qu’on est parfois pas loin du clown ou des codes de jeu de la commedia dell’arte. C’est donc l’aider à gagner une certaine virtuosité et une certaine fantaisie.


Travailler avec l’acteur qui joue le Monologue, c’est faire aussi un voyage en peinture. Adramélech développe des visions fantastiques toutes droit issues de tableaux de Jérôme Bosch ou de Bruegel. C’est suivre à la trace un auteur pour qui arts plastiques et théâtre sont intimement mêlés. C’est donc s’intéresser à Jean Dubuffet et à l’Art Brut, pour qui la beauté du monde peut s’exprimer à travers des graffitis, des gribouillis, des dessins d’enfants volontairement maladroits, en utilisant des matériaux très primaires. Tiens, pourrait-on voir réapparaître sur scène de la matière et des objets et ce, malgré les recommandations du maître ?

Thomas Poulard

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