Sur le plateau, un piano droit et son pianiste, un ensemble mobile, un iceberg à la dérive. Le piano, au travers des compositions de Béla Bartók, est moins le vecteur d’un ailleurs, de l’exotisme de ce voyage vers le Groenland.
Les compositions de Bartók évoquent en outre les sensations de l’enfance ; les lignes mélodiques sont vives, sautillantes, naïves presque. La présence du piano est une sorte de réponse, ou tout du moins une sorte de présence de la jeune fille. Cet instrument, que l’on peut qualifier de personnage à part entière, envisage peut-être plus physiquement le rapport entre la mère et sa fille. A plusieurs reprises, le corps de la comédienne et celui du piano évoluent de concert sur le plateau. Il s’agit bien de développer la relation mère - fille à travers l’espace de jeu.

Qui plus est, la présence du pianiste est un appui considérable lorsqu’il s’agit d’évoquer la relation au père, la relation à l’être aimé et pourtant quitté. Cette figure masculine concrétise et met en mouvement les rapports entretenus entre les différents protagonistes de cette famille.

La langue de Pauline Sales est dénuée d’abstraction ou de figure rhétorique. C’est une écriture très concrète, qui s’adresse, qui ne marginalise jamais le sens.
Aussi étrange que cela puisse paraître, il est une très grande place pour la fantaisie dans ce parcours. Il y a le cynisme d’une condition, les frustrations d’une femme qui opère avec humour et autodérision les faiblesses et les imprudences de ses gestes.

Ce texte nous isole dans l’instant de la confession, celui de la transmission maternelle, et celui de l’aveu qui s’inscrit dans un rapport direct, interactif presque avec le spectateur. Il me semble important de dissocier l’instant de la femme et celui de la mère.