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Le Château de Cène

+ d'infos sur le texte de Bernard Noël
mise en scène Wissam Arbache

: Un texte Mythique

Le Château de Cène porte en lui le scandale. Celui de n’être qu’un Oeil ouvert sur le monde...



C’est en 1969 que Bernard Noël, poète du langage,écrit le château de cène, texte mythique qui débute l’oeuvre d’un de nos plus grands auteurs contemporains, un auteur majeur, un acrobate de la langue, d’une langue en révolte, violente et violentée.


« Jusqu’au Château, j’étais un écrivain qui s’interdisait à peu près d’écrire. Un écrivain sans oeuvre ou presque. A la fin de 1968, et pour des raisons liées aux événements, un long attachement cessa. Ce fut une insurrection intime à la fois suicidaire et libératoire (...) Je voulais tuer « l’écrivain » en lui faisant écrire l’inavoué-inavouable, et je le libérais en levant la censure intérieure ».Bernard Noël


Ce mouvement de révolte contre lui-même est concomitant aux évènements politiques…


« J’écris le Château. J’en ai assez de la violence, assez de l’horreur. J’espère que le temps est venu de mon « Aurélia »... J’écrivais comme on regarde fixement. J’étais le vif regard qu’à la fois je lisais pour l’écrire et que j’alimentais. ».BN


Le texte est écrit très vite, dans une jubilation qui accompagne la révolte et la dit…il est publié sous un pseudo et il faut attendre 1971 pour que Bernard Noël publie le texte sous son nom. La censure s’en mêle et le procès d’outrage aux moeurs commence. Le livre serait pornographique. Bernard Noël est alors défendu par un avocat célèbre, futur ministre.
le poète doit entendre une bien étrange et marquante plaidoirie.


Il est « un bon écrivain, donc un écrivain inoffensif ».
Cette phrase est une double blessure. En écrivant le château, Bernard Noël « retourne sa langue » contre lui-même, il en utilise la violence et la force pour lever la censure en lui. Il est d’abord offensif contre lui-même, ce qui lui est nié.
De plus, s’il n’est pas offensif parce qu’il est un bon écrivain, alors le pouvoir de la langue est lui aussi nié.
Il écrira cinq ans plus tard l’histoire du procès dans « L’Outrage aux mots » et développera le départ de sa longue réflexion sur la censure :


« La censure bâillonne, elle réduit au silence. Mais elle ne violente pas la langue... Le libéralisme fonde son pouvoir sur l’absence de Censure, mais il a recours à l’abus de langage. Le discours qui étalonne la valeur des mots, le vide en fait de sens - d’où une inflation verbale qui ruine la communication à l’intérieur de la collectivité et par là-même la censure... Il faut créer le mot de Sensure, qui par rapport à Censure indique la privation de sens et non de parole... Et le culte de l’information raffine encore cette privation en ayant l’air de nous gaver de savoir. » BN


En levant la censure intime du poète, il rencontre la censure du monde. C’est dans la rencontre de l’intime et du bruit du monde que le poème devient politique .

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