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La Visite de la vieille dame

mise en scène Omar Porras

: EL GRAN TEATRO DEL MUNDO par Omar Porras

Le grotesque est le visage d’un monde qui a perdu la face

Entrez dans le lieu où vous pourrez célébrer et sublimer la misère de notre découragement ! Voici le Théâtre de La Visite de la Vieille Dame, véritable paradoxe scénique, où le visage de l’homme prend le masque de la cruauté et où sans vergogne il travestit sa lâcheté de bons sentiments. Là, les Divinités – Justice, Civisme et Honnêteté – arborent le masque de la cupidité. Certes Dürrenmatt dénonce l’homme d’une société qui préconise la morale, mais, finalement, c’est l’homme lui-même qui se transforme en son propre bourreau. L’homme édifie religieusement et consciencieusement sa Sodome et sa Gomorrhe où il maquille la justice des couleurs criardes de sa vérité.


Mais quel est le vrai visage de la justice dans La Visite de la vieille dame ? Celui d’une femme outragée ? D’une enfance violée qui traque son amour animé par le sentiment de la vengeance? A-t-on le droit de la juger ? Ou le vrai visage de la justice est-il incarné par le pasteur qui accuse le péché de l’homme, mais qui exerce son ministère en guidant ses fidèles vers la seule lumière qui éclaire notre monde: la cupidité ? Peuton le juger ? Difficile de répondre… Quelle alléchante farce et quel délicieux bordel !


Dans cette oeuvre de Friedrich Dürrenmatt, l’homme fait tout ce qui est permis pour “gagner” sa vie et pour cela il va jusqu’à vendre la sienne et celle des autres. Ainsi, nous acquérons notre prospérité, notre confort et notre luxe en essayant de préserver notre liberté, en nous protégeant d’une vie profane.
Animés de bons sentiments, nous sommes certains d’agir au nom des faibles, au nom de Dieu et des institutions. En fait, nous défendons le prix de ces principes, non leur valeur !


Les pièces de Dürrenmatt ne sont pas absurdes, elles révèlent le cruel grotesque du réel. Le grotesque d’une société équitable où l’homme s’alimente de l’iniquité. Et l’humanisme de se transformer lentement en assassin avec l’approbation et les applaudissements des citoyens. Du malaise qui grandit au fil de la pièce surgit un univers scénique inspiré d’une géographie de l’enfance, une atmosphère de souvenir inquiétant, digne d’un lieu de conte. Dans cet espace – allégorie de l’enfance violée – l’amour se transforme peu à peu « en quelque chose de maléfique, comme les pâles champignons et les étranges visages que forment les racines* » de la forêt de l’Ermitage.


* Extrait tiré de La Visite de la Vieille Dame.
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