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La Trilogia degli occhiali

mise en scène Emma Dante
Création à partir des textes Acquasanta de Emma Dante, Il castello della Zisa de Emma Dante, Ballarini de Emma Dante,

: ACQUASANTA, chapitre I

Avec Carmine Maringola (50 min)

« Mille cose sai tu, mille discopri,
che son celate al semplice pastore.
Spesso quand’io ti miro
Star così muta in sul deserto piano,
che, in suo giro lontano, al ciel confina;
ovver con la mia greggia
seguirmi viaggiando a mano a mano;
e quando miro in cielo arder le stelle;
dico fra me pensando: a che tante facelle?
Che fa l’aria infinita, e quel profondo Infinito seren?
Che vuol dir questa Solitudine immensa? Ed io che sono? »
Canto notturno di un pastore errante dell’Asia G. Leopardi


« De mille et mille faits le voile t’est léger
Qui reste impénétrable aux regards du berger.
Souvent quand je te vois, immobile et songeuse,
T’arrêter au-dessus de cette plaine herbeuse,
Dont le vert horizon confine au bleu du ciel ;
Ou me suivre, éclairant mon troupeau fraternel,
Qui vague a mes côtés et pas à pas chemine ;
Quand je vois dans l’azur que leur gerbe illumine,
Ces millions de feux, diamants de l’éther,
Plus nombreux que les grains de sable de la mer,
Je me dis : « A quoi bon ces essaims de lumières.
Dans l’espace sans fond brillantes fourmilières?
Pourquoi est infini, cette sérénité?
Et moi, que suis-je au sein de cette immensité? »
Chant nocturne d’un berger nomade de l’AsieG. Leopardi (trad. Auguste Lacaussade 1889)


« J’ai vu la barrière de corail... le soleil devant la lune qui lançait ses rayons, il les nouait et les faisait descendre dans la mer… j’ai vu la mer qui se coloriait... et un espadon qui avait deux épées... j’ai vu une méduse gigantesque qui s’entortillait dans les rayons su soleil et de la lune... et un poisson qui portait en lui le futur et le passé… j’ai vu le poulpe arlequin avec ses tentacules de toutes les couleurs et il y avait les poissons tropicaux qui dansaient au-dessus et au-dessous… et le Christ de Rio, je l’ai vu, il plongeait du Corcovado, les bras grand ouverts.. j’ai vu l’autre coté du monde, le Japon, où il y a les poissons avec les yeux en amande.. j’ai vu un galion vieux de trois siècles…plein de gens qui dansaient.. et qui chantaient les chansons d’autrefois.. et un iceberg…énorme… qui se fondait en larmes de cristal… dans l’abysse de la mer… ». Un homme s’est ancré sur la scène, à la proue d’un bateau imaginaire. Il se tient droit. Expert dans la manoeuvre des engrenages qui meuvent ce bateau fantoche, ‘o Spicchiato survit à la bourrasque qu’il met en scène pour évoquer les souvenirs de sa vie de mousse. Il a embarqué sur un bateau à 15 ans, et depuis, il n’est pas descendu du navire. Il ne croit pas à la terre ferme, pour lui c’est une illusion. Au-dessus de sa tête pend le temps du souvenir, une trentaine de minuteries au tic tac inexorable. Elles sonnent, puis c’est le silence. La mer s’arrête de respirer, et ‘o Spicchiato revit le moment horrible de l’abandon. Un jour, le bateau a levé l’ancre sans lui, le laissant seul et pauvre sur le môle d’un pays étranger : la terre ferme. Lui, lui qui se sent perdu sans la mer, lui qui a dédié sa vie à la navigation, lui qui jour et nuit a besoin de parler avec son unique grand amour : la mer. Les voix de la chiourme, du capitaine, résonnent dans sa tête et ‘o Spicchiato, le conteur, tire les fils de ses marionnettes. Mais dans l’attente du retour du bateau, le mousse, attaché à la proue, devient de bois comme la figure de proue d’un vieux galion.

Emma Dante

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