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La Plénitude des cendres

+ d'infos sur le texte de Yan Allegret
mise en scène Yan Allegret

: Notes de travail en vue du plateau

Récits


Tout le travail consistera à maintenir un rapport spontané à la parole. Hacine Chérifi sera dans la position d’acteur et de témoin de son histoire. Il n’y aura pas de texte prédéfini mais une écoute tendue chaque soir entre les deux protagonistes et le public. Le dialogue sera en constante évolution, libre de s’adapter chaque soir aux intuitions qui naîtront du plateau et du rapport aux spectateurs.
Hacine Cherifi sera convoqué à la fois comme témoin de son histoire mais également comme figure anonyme. Il travaillera sur une parole autobiographique chaque soir ré-investie. Parallèlement, il sera aussi un corps sur le plateau, moins identifiable, qui, en retraversant les mouvements de la préparation du combat et de son accomplissement, dessinera les contours d’une figure archétype, celle du guerrier silencieux.


Traversée du texte


La forme du solo place l’acteur dans une solitude initiale. Cette solitude sera notre premier outil. Le terrain de travail sera volontairement dépouillé, simple.
La parole et le corps de l’acteur comme seuls paysages, comme seules armes et comme seules langues.
Pas de décor mais un espace vide habité par un être hybride, à la fois guerrier et acteur.
Pas de musique mais la voix seule pour construire le rythme, l’intensité et les respirations.
Pas de personnage au sens classique du terme, mais une enveloppe plus fine, perméable, qui permettra à l’acteur de faire à la fois le récit de la confrontation et son expérience.
Traverser le texte comme on traverse des tempêtes, avec ses vents, ses foudres et ses accalmies. Constituer un paysage de mots et de chair parcouru d’assauts, de chutes, d’accélérations soudaines, de silences, de suspensions, de plénitude et d’embrasements.
Ce sera une traversée sensible mais aussi physique. L’acteur suivra une préparation axée sur la boxe et les arts martiaux (les dernières semaines, je proposerai à Hacine Chérifi de mettre les gants), qui permettra de créer un terrain de sensation et d’intuition sur le plateau.
Ce travail visera à construire une certaine intensité dans le jeu au présent, plutôt qu’une partition rigide. Le texte écrit constituera le tracé du chemin. Mais l’acteur devra disposer d’une réelle liberté rythmique, physique et vocale pour le parcourir, afin de maintenir vivant son rapport au texte, au public et à sa propre solitude.


Mise en relation


Ces deux plans de réalité et ces deux figures sont à mes yeux distinctes et complémentaires. Le spectacle reposera sur leur équilibre commun. Comme en boxe, un grand combat ne peut se faire qu’à deux.
Le solo (texte divisé en trois parties) et le récit (trois axes et trois temps de parole) se succèderont selon un principe d’alternance.
Nous travaillerons sur le lien tendu entre l’acteur et le boxeur dès le début des répétitions. Le boxeur assistera en spectateur aux répétitions du solo et inversement. Ce lien deviendra central dès que les deux formes seront construites.
C’est le lent cheminement des deux Figures l’une vers l’autre et le face-à-face entre elles qu’il faudra mettre en scène. Comme si ces deux trajets distincts tendaient secrètement vers leur confrontation.


Le travail d’écoute sera prépondérant. La relation ne doit pas être envisagée du seul point de vue de l’affrontement. L’autre sera l’adversaire, l’altérité nécessaire à rencontrer, mais aussi le double, le frère, le miroir. Le trajet de l’un se poursuivra en silence quand l’autre sera pris dans la lumière. Ce sera alors un temps de gestation, d’observation, de préparation intime à sa prochaine prise de parole. Il n’y aura pas de temps vide, d’absence, mais un jeu incessant entre eux, entre le premier et le second plan, un lien permanent sur lequel chacun pourra s’appuyer et qui, peu à peu s’intensifiera, jusqu’au dernier face-à-face.


La confrontation entre les deux figures sera comme un aboutissement, ou à l’inverse, le retour à une scène première, originelle. Chacun l’abordera avec ses armes, son vocabulaire: le boxeur dans la répétition d’enchaînements de coups et d’esquives, l’acteur dans sa voix et son corps. L’ensemble étant envisagé à la fois comme un combat, une danse, une étreinte. L’instant où les deux figures, après avoir cheminé seules, se rencontrent, et dans la poussière de la lutte qui les lie, ne font qu’un.


A propos du son


Nous engagerons avec le créateur sonore une recherche autour des ambiances sonores des combats de boxe. En nous appuyant sur les enregistrements des combats d’Hacine Chérifi, nous accumulerons un matériau sonore que nous retravaillerons afin de le rendre moins identifiable, puis nous le réinjecterons dans la représentation. Ces voix réelles du passé (grondements de la foule, bruits des coups, annonce des combats) entreront par effraction. Elles contribueront à ancrer l’affrontement à la limite du visible et de l’invisible, du présent et du passé, du réel et de l’imaginaire.

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