theatre-contemporain.net artcena.fr

Accueil de « Huntsville, l’Ordre du monde [ version #2 ] »

Huntsville, l’Ordre du monde [ version #2 ]

+ d'infos sur le texte de Franck Laroze
mise en scène Georges Gagneré

: Note de l'auteur

" Au commencement était le poème, comme toujours, enroulement irrépressible de la langue autour de ce qu'elle ignorait encore d'elle-même, chant sauvage surgi des tréfonds obscurs où s'affrontent ces deux courants immémoriaux : crainte de la mort, et fascination pour la mort. Mais la langue veut toujours vaincre la mort, surtout quand on se sert d'elle pour donner la mort : la langue est plus morale que la mort, elle la méprise.


Puis autour du poème vomi dans l'ombre se regroupèrent des êtres qui cherchaient quelque lumière : ils le portèrent au jour. Puis d'autres vinrent encore, ceux-là habitués aux lumières de la scène et comme aimantés par la souplesse et la puissance de la langue, mais curieusement tous issus de cette même génération élevée dans l'admiration béate des vainqueurs au sourire étincelant. Dans l'ombre du poème, ils virent à la fois le corps de la langue et de celui qu'il fallait bien nommer l'adversaire. Alors ils extirpèrent le poème de sa gangue, le firent retailler et sertir pour en exposer d'autres facettes aveuglantes aux feux de la scène. Ils en firent aussi la langue de l'adversaire, et la langue, une fois de plus, enfanta le chant de la vraie morale : elle fit la lumière sur la part d'ombre de l'adversaire ; elle refit de lui un frère à qui parler. La langue est l'exploit du silence, la victoire de la pensée. Au poète, ensuite, de la charger de terreurs nouvelles, incandescentes, et de demander : quand la mort est au bout d'un couloir sous les yeux d'un monde en ordre, qui en garde vraiment les portes, et à qui profite l'ordre du monde, et, surtout, où est la différence entre réel et virtuel ?


Astre noir dardant ses rayons en tous sens, noyau d'improbable carbone aux métamorphoses infinies, le poème pouvait poursuivre sa révolution ; il avait atteint sa cible, le cœur de la langue, la loi du cœur, seule voix viable, cette lumière qui donne un sens à notre souffle. "

Franck Laroze

imprimer en PDF - Télécharger en PDF

Ces fonctionnalités sont réservées aux abonnés
Déjà abonné, Je me connecte Voir un exemple Je m'abonne

Ces documents sont à votre disposition pour un usage privé.
Si vous souhaitez utiliser des contenus, vous devez prendre contact avec la structure ou l'auteur qui a mis à disposition le document pour en vérifier les conditions d'utilisation.