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Huntsville, l’Ordre du monde [ version #2 ]

+ d'infos sur le texte de Franck Laroze
mise en scène Georges Gagneré

: Note d'intention

D'abord, il y a un fait : des individus sont froidement exécutés dans le pays qui occupe le premier rang économique et culturel sur le plan mondial. Et que ce même pays façonne un modèle de société dont nous restons solidaires, en dépit des exceptions et autres fossés culturels que l'Europe revendique pour affirmer sa différence, voilà qui est fascinant. Cette survivance de la peine de mort dans " le modèle occidental " est un grain de sable qui grippe toute aspiration à l'épanouissement d'une civilisation. Et sous son poids infime, nous percevons le travail insidieux des dislocations qui, régulièrement, déchirent le confortable ordonnancement de notre " réalité " et affolent nos indiscutables repères.


A partir d'un poème de Franck Laroze (Huntsville, la honte du monde, éditions Bérénice), j'avais d'abord construit, en complicité avec un comédien, le parcours mental d'un gardien de pénitencier juste avant l'exécution d'un condamné. Nous nous efforcions de décrire le passage à l'acte d'un citoyen ordinaire perpétrant un crime légal. Par-delà le débat abolitionniste, nous avons voulu, dans un second temps, pénétrer plus avant la mystérieuse alchimie humaine de la mort et du vivant afin de désarmorcer ces dislocations qui brouillent toute emprise sur le réel. Huntsville, l'Ordre du monde est le résultat de cette exploration qui a été menée collectivement par un auteur, un metteur en scène et des comédiens.


Nous sonderons, entre autres, la formidable capacité des hommes à côtoyer ou promouvoir la mort pour simplement exister. Nous nous confronterons aussi à cette aspiration à l'immortalité que les recherches scientifiques actuelles mettent presque à leur portée. Déjà, la possibilité d'arpenter des espaces virtuels aux possibilités infinies bouleversent toutes nos certitudes. Le rituel sordide du châtiment suprême semble ainsi prolonger symboliquement, en dépit de toute raison et à l'encontre de toute dignité humaine, la volonté archaïque des hommes d'affirmer leur maîtrise sur la mort afin de reculer encore un peu le basculement, autant redouté que désiré, dans une fluidité virtuelle qui ferait de chaque homme un Dieu maître de son destin.

Georges Gagneré

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