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Haïm - A la lumière d'un violon

+ d'infos sur le texte de Gérald Garutti
mise en scène Gérald Garutti

: Une vie a trois temps

Lodz. Genèse : le paradis perdu


Dans les années Trente, Lodz est une grande ville d’industrie où se côtoient plusieurs langues, le polonais, le yiddish, le russe. La rue Piotrkowska, aux imposantes façades retentit d’activités incessantes, on y voit passer des automobiles, des attelages, locomotives, rouler des tramways, on entend au loin les machines qui font tourner les usines textiles. On y entend toujours l’appel d’une mère, le jeu des enfants, le chant d’un artisan.


Haïm est né dans une famille hassidique où la musique est présente de multiples façons. Il y a le chant des prières, avec ses mélopées et nigunim emprunts de fjie et de sentimentalité ; il y a les mélodies yiddish , un monde de foi, d’amour de la vie et de mélancolie. Grâce à son père, un « Ba’al tefilah» qui chante les prières à la synagogue de Lodz, il s’imprègne de la liturgie hébraïque de Pologne, alors que sa mère lui chante les chansons yiddish de l’enfance.


Dès son jeune âge, Haïm est attiré de façon mystérieuse vers la musique classique, et tout particulièrement le violon, dont il tombe littéralement amoureux. Tout jeune, il veut apprendre à jouer de cet instrument envoûtant. Cette passion le pousse à se faufiler parmi les grandes personnes aux concerts de l’Orchestre Philharmonique de Lodz où se produisent les grands interprètes de l’époque : Bronislav Hubermann, Joseph Szigeti, Arthur Rubinstein.


Auschwitz. Du ghetto à l’enfer concentrationnaire


Dès que la guerre éclate, Haïm est enfermé avec ses parents dans le Ghetto de Lodz. Il n’a que dixsept ans, mais ses capacités musicales le conduisent vers l’orchestre du Ghetto dirigé par le grand pianiste Théodore Ryder. Les concerts symphoniques étaient alors pris d'assaut. Un défi à la détresse ? Non. Ce n’est pas la volonté du défi qui poussait les affamés, les désespérés, vers les salles de concert, mais plutôt la recherche d’un peu de réconfort.


Dès lors, le violon devient le fil d’Ariane qui lui permet de traverser l’enfer de la Shoah et de survivre. Du camp de Pozna - où il est forcé sous peine de mort de jouer pendant les exécutions par pendaison - aux mines de Janina - auxquelles il survit – en interprétant des chansons de Noël pour adoucir ses gardes polonais. Sa musique lui permet d’obtenir quelques restes de repas pour ne pas mourir de faim. À Auschwitz, il est sélectionné par les nazis pour rejoindre l’orchestre du camp et survit miraculeusement jusqu’à la Marche de la Mort. Dans les derniers jours de celle-ci, Haïm parvient à s’enfuir en Allemagne. Dans le dénuement le plus total, avec son violon comme dernier espoir d’une existence enfin supportable.


Haïfa. Terre promise : Israël et le Nouveau Monde


En terre allemande, il trouve refuge dans le grenier d’une maison. Il est caché par une veuve, qui a perdu ses deux fils à la guerre, et qui joue de la cithare. C’est à Altötting, près de Salzbourg, que Haïm assiste à l’arrivée des Américains. C’est là qu’il se marie et prend la décision de partir en Israël, vers la liberté, vers un nouveau commencement, dans l’espoir de trouver enfin une vie de paix.


Et soudain, alors que tout le conduisait à devenir musicien professionnel, Haïm renonce à la musique – elle qui fut, au camp, et sa survie, et son calvaire. Et puis, Israël n’a pas besoin de musiciens, mais de bâtisseurs ! « Il appartiendra à nos enfants et à nos petits-enfants de continuer dans la voie de la musique ». C’est ainsi que Haïm devint technicien en électricité après des études au Technion de Haïfa.


Lorsqu’il a pris sa retraite, Haïm est revenu à sa passion de l’enfance et s’est remis au violon. Aujourd’hui, à 88 ans, il vit toujours à Haïfa. Et tous ses enfants et petits-enfants sont devenus des musiciens concertistes internationaux. Son fils est violoncelliste et chef d’orchestre aux États-Unis. Sa fille est violoniste, ancien membre de l’orchestre philharmonique d’Israël et de l’orchestre de Paris. Et parmi ses cinq petits-enfants, deux sont des musiciens professionnels – dont un violoniste, Naaman, qui joue dans ce spectacle et y représente son grand-père.

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