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Graal Théâtre - Gauvain et le chevalier vert

mise en scène Julie Brochen

: Une épopée itinérante

« S’il y a quelqu’un de bonne humeur ici je lui propose de jouer avec moi. Voici ma hache… »
Le Chevalier Vert


L’étrangeté de la pièce réside notamment dans l’apparente discontinuité des scènes et des épisodes. Nous sommes face à une succession d’événements (certains très autonomes) et piégés par un titre trompeur. En fait le Chevalier Vert n’est qu’une aventure de Gauvain parmi d’autres, et peut-être pas la plus centrale. L’essentiel, d’un point de vue narratif, est qu’elle promet à Gauvain une mort certaine, puisque celui-ci promet à son adversaire de se laisser couper la tête lorsqu’ils se retrouveront. Sur un plan plus symbolique, le défi du Chevalier Vert marque véritablement le passage des « commencements » aux « temps aventureux », la lutte entre l’univers courtois qui se construit et la rudesse menaçante de la nature, peuplée de résurgences celtes. L’homme vert est une figure courante de l’art médiéval. Lié au cycle de la nature, à la renaissance au printemps, il apparaît dans la pièce avec la Nouvelle Année comme une forme de chaos implicite dans le lieu des valeurs de la courtoisie, comme une icône représentant le désordre de la nature. Celle-ci, rude et indifférente, menace l’ordre des hommes et la vie à la cour. Tout au long de l’histoire, la nature (et tout ce qui y est associé : l’égarement, la violence, le désir) envahit et perturbe l’ordre. Elle est une force sous-jacente, la partie de l’homme qui l’empêchera à jamais d’être parfait au sens chevaleresque : là réside peut-être tout le secret du parcours de Gauvain.


La pièce a des allures de « drame à stations », d’épopée itinérante où le héros va de rencontre en rencontre. Elle n’est pas sans lien avec l’Odyssée, dans laquelle Ulysse, en route pour Ithaque, voit son voyage rythmé par les épreuves, et interrompu par les rencontres féminines.
En toile de fond : un état de guerre : la guerre d’Arthur contre Bran de Lis, chevalier rouge.
Tout commencerait vraiment lorsqu’un cadavre transpercé d’une épée, apporté par la mer, porteur d’une lettre, vient accuser Guerrehés, frère de Gauvain, de déshonneur. Un second blessé viendra plus tard accuser Agravain, autre frère, de la même manière. La fratrie est donc visée. Et c’est dans un récit de rêve que Guerrehés nous apportera quelques maigres lumières, en reliant implicitement cette accusation à la vision qu’il aurait eu d’un chevalier rouge. Retour de Bran…
Au coeur de la pièce, et comme un carrefour dessinant la géographie de l’ensemble, il y a le conseil de famille, ce moment où Gauvain et ses frères (Guerrehés, Agravain et Mordret) réagissent à l’accumulation des défis posés, et partent chacun sur les routes. C’est la route de Gauvain que nous suivrons. Car ces nombreux défis qui viennent s’offrir aux chevaliers d’Arthur, l’impulsif Gauvain les relève tous : rendez-vous (et mort certaine !) avec le Chevalier Vert, conquête du Château Orgueilleux proposée par la Demoiselle Hideuse, duel avec Guiganbrésil qui l’accuse d’avoir tué son père, combat avec Bran dont Gauvain a tué le père et dépucelé la soeur…
Sur la route à peu près tracée qui mène Gauvain vers les défis qu’il a choisi de relever, des événements adviennent par surprise. Des hasards comme la participation à un tournoi, de nombreuses aventures galantes, des égarements fantastiques et initiatiques avec l’entrée dans le pays de Galvoie marquée par la rencontre de deux mystérieuses demoiselles, l’une éplorée, l’autre redoutablement moqueuse, qui mettent à mal l’assurance de notre chevalier modèle, puis avec la traversée d’un fleuve qui le mène dans le monde des morts et de l’oubli où il retrouve sa mère, sa grand-mère et sa soeur, mortes toutes trois, et retombe dans l’enfance… Et le mystère qui préside à tout cet enchevêtrement, celui pour lequel la Table Ronde trouvera une raison d’être, c’est-à-dire le mystère du Graal, termine cet épisode, comme pour signifier que les choses ne font que commencer.
L’entrée en scène de Gauvain dans le Graal Théâtre, dans cet épisode à la fois linéaire, symbolique et labyrinthique, creuse la figure du héros. Gauvain a la caractéristique d’être un chevalier parfait, courtois, solaire, aimé de toutes les dames. Ses signes particuliers : sa force croit avec le soleil et décroit quand vient la nuit ; il donne toujours son nom à qui le lui demande ; il s’endort dès que le soleil disparaît. Mais où se situe la perfection chevaleresque, lorsqu’elle est ainsi mise à l’épreuve ?

Hugues de la Salle - assistant à la mise en scène

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