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Georges, ou tout ce qui file entre les doigts

+ d'infos sur le texte de Gilles Laubert
mise en scène Gilles Laubert

: Entretien avec l'auteur

« Georges, ou tout ce qui file entre les doigts », est un texte que vous avez écrit. quelle est la part d’autobiographie dans votre démarche ?


Rien, dans ce texte, ne se rapporte à ma vie et pourtant tout est écrit avec ce que j‘ai vécu, avec ce que je vis et surtout avec ce que les autres vivent. On pourrait, bien sûr, démêler le vrai du faux. Et s’apercevoir que Georges et l’un des prénoms qui figure sur mon acte de naissance. Mais on ne m’a jamais appelé Georges. Je suis auteur de théâtre, comédien et Georges, le personnage, est costumier de Théâtre… dans mon texte, il se tisse donc une fiction qui, partant du particulier d’une vie, s’attache à raconter un réel beaucoup plus général. En tout cas ce texte est tout, sauf introspectif et narcissique.


Comédien, vous avez interprète de nombreux rôles de pièces de différents auteurs. Est-ce plus facile de jouer son propre texte ?


En fait non. Le plus difficile et de retrouver une naïveté et un étonnement. Il y a tout un travail du « dés-apprendre ». C’est pourquoi j’ai demandé à Didier Carrier de porter un regard sur mon jeu. Son travail a beaucoup consisté à m’aider à redécouvrir le texte et à l’interroger dans ce qu’il disait simplement.


Comme dans plusieurs de vos textes on retrouve dans « Georges, ou tout ce qui file… », les thèmes de l’exclusion et du mépris de l’autre. pourquoi la récurrence de ce thème ?


C’est aussi vrai de certaines de mes mises en scène (je pense à « Trafics amoureux » qui traitait de l’amour entre garçons), c’est encore vrai d’une grande partie de mon écriture où, souvent, c’est l’Afrique qui apparait dans ce sujet de l’exclusion. Nous parlions de l’autobiographie et c’est vrai que dans ce thème il y a beaucoup de ce que j’ai vécu. Mais l’exclusion c’est aussi la pauvreté, les laissés pour comptes, la faim dans le monde. Pour moi, un artiste doit être la caisse de résonance où viennent frapper tous les sans-grades, les abusés, les déclassés et tous ceux que leur sexualité, la couleur de leur peau ou leur origine mettent en marge des majorités morales.…


Peut-on évoquer l’amour comme point central de cette réflexion ?


Très certainement. Le rapport amoureux c’est celui qui dit tout, qui dévoile tout. Le regard de l’autre sur moi, mon regard sur les autres. L’amour c’est l’expérience de l’altérité.


Pourquoi avoir choisi de placer ce thème dans la Genève internationale des droits humains ?


Il est vrai qu’avec Dakar, Genève est la ville que j’habite. Ça joue comme une métaphore. Dans cette ville où siège de nombreuses ONG, des institutions internationales, il y un petit bonhomme, Georges, qui va être exclu de son logement, un petit bonhomme qui s’est construit dans l’injure (sale pédé, tataouine) un petit bonhomme qui s’est battu contre l‘injustice, et pour les droits politiques, qui été torturé, mais qui, le sourire aux lèvres, continue de se battre avec pugnacité et un immense amour au coeur.


Le texte met en scène une multitude de personnages. comment faites–vous pour les faire vivre ?


C’est en grande partie une question de technique théâtrale. Le texte se présente aussi comme une parlerie. En fait, c’est toujours une adresse au spectateur. Les personnages de la patronne, d’Ahmed, des garçons du foot ne sont pas incarnés mais joué dans l’allusion, par un regard, un geste, un ton de voix. C’est vrai qu’il y faut une certaine virtuosité. Les lumières de Danielle Milovich contribuent aussi à créer des lieux.


A quel genre appartient cette pièce ?


En fait, c’est aussi bien la forme du conte, de la jonglerie, que le one man show.


Qu’est ce que « Georges, ou tout ce qui file entre les doigts » vous a appris ?


C’est l’histoire d’un amour….


Avec la Compagnie des Cris, dont vous êtes le responsable artistique depuis dix ans, vous tenez le rythme d’une création par année et toujours dans des salles genevoises comme le Grütli, St-Gervais ou le Loup, mais aussi en Afrique. comment décrivez-vous le fil rouge de ce parcours ?


Le voyage. L’itinérance. Mais aussi l’insécurité A chaque projet je dois tout recommencer. Frapper aux portes, pas toujours si faciles à s’entrouvrir. Cependant que ce soit à Genève (ou je prends des cours de danse africaine) au Sénégal (ou je m‘occupe d’un programme de formation pour acteur avec le concours du canton et la ville de Genève) il y a comme une logique à tout ça. Je suis assez content d’avoir écrit une pièce dernièrement (LOUIS) qui articule ce voyage. J’aimerais pouvoir créer cette pièce dans une distribution sénégalogenevoise . Malheureusement, pour l’instant je n’ai pas trouvé de lieu où la présenter à Genève… mais je suis entêté, j’y arriverais bien !

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