Le monde est aux mains des managers. L'économie a dévasté le politique et son langage a pris d'assaut les esprits et les rênes du pouvoir. L’écriture publicitaire a envahi tous les champs de réflexion. L'affichage a remplacé la pensée. Travaillant avec une grande virtuosité sur notre nouvelle langue néo-libérale, Gregory Motton crée une écriture lapidaire et en même temps explosive.

Entre le jeu des amalgames, des euphémismes et des détournements, Tonton et Tata, briffés sur la gestion de leur image, « stratégisent » magnifiquement leurs discours : l'écriture de « com’ » politique et marchande devient prouesse théâtrale.

Dans cette course à la stupidité et à l’illusion, ce vertige de non sens construit un flux permanent de bavardage, un zapping de la pensée magnifiquement mis en abîme par des moments de grands vides.

Mettant l'accent sur l'extrême banalisation de ces nouveaux codes de langage, pourtant très utiles pour opérer certains détournements de sens au profit d'une pensée dite « consensuelle », l'auteur souligne l'engouement quasi musical qui facilite son adoption par le plus grand monde.

Sorte de propagande au quotidien dont chacun peut facilement se reconnaître comme à la fois l'utilisateur et la victime.