De nouveau aux commandes de l’état, Gengis se pose des questions sur l’exercice du pouvoir. L’accélération de la vitesse a changé la face du monde et Gengis semble dépassé. Vertige : le monde est dans une course folle au profit et le chef de l’Etat frise la dépression.

Le monde globalisé et fuyant semble un mirage en excroissance permanente. Il est possible de tout y tenter, et difficile d’y lire une quelconque trajectoire du sens, la vitesse folle ayant gommé la profondeur de champ.

Gengis, otage d’un flux incessant d’informations qui lui échappent, n’a plus de réelles capacités d’agir sur le monde. Le pouvoir est aux mains de l’économique, et tout se commande à distance, soumis aux lois du marché et aux manipulations des suiveurs, ici désignés par Tonton et Tata. Le véritable pouvoir se joue absent du plateau.

Depuis son trône virtuel, Gengis, figure mythique de guerrier aux remarquables conquêtes territoriales, nous interroge par son immobilisme contemporain. En face de nous, au centre d’un espace saturé d'informations, il semble n’y être pour personne et même pas pour lui même.

À la fois disparaissant littéralement sous ses questions et jouant activement avec les spectateurs, la présence de Gengis nous propose un angle d'attaque inattendu.
Sous cette étrange perspective où toute trajectoire d'une pensée simple et lisible apparaît brisée ou pervertie, Motton met admirablement en scène la confusion du monde moderne. Créant un effet de miroir décalé, indirect, il pose au sein de cette virtualité générant l'immobilisme la question de notre présence contemporaine au monde.