: Note d'intention
L’identité européenne
C’est lors d’un cours à l’UNIL, donné par Anne-Marie Autissier (Maître de Conférences à
l’Institut d’Etudes Européennes), que l’envie d’écrire cette pièce s’est déclenchée. Ce cours
sur les enjeux des politiques culturelles en Europe retraçait brièvement l’histoire de la
construction de l’Europe.
Tandis que je réalisais ne pas connaître le mythe poético-érotique d’Europe, il y eut une
suspension dans la salle, puis plusieurs d’entre nous eurent le courage de demander si au
fond, c’était possible d’expliquer les fonctionnements de base de l’Union européenne. Je dis
le courage parce que dans ce cours nous avions une moyenne d’âge de 30 ans et je pense
tous l’impression, la prétention, d’avoir grandi dans cette Europe, avec cette Union
européenne.
Finalement, le fonctionnement fédéral de la Suisse est très proche du système européen et
le citoyen suisse y trouve sûrement plus de repères que le citoyen français.
Depuis le 8 mars, je suis suisse et être infidèle à ma nationalité française était de peu
d’importance même si, pour être honnête, la démarche de naturalisation s’est avérée moins
innocente que prévue. En fait, durant ce cours, j’ai réalisé que devenir suisse serait ne plus
vraiment être européenne. Pourquoi être tant attachée à son identité européenne et si peu à
sa nationalité française ?
J’ai fait ma scolarité sous Mitterrand, j’ai visité les camps d’extermination avec l’école, j’ai
appris l’allemand. J’ai eu une correspondante allemande et je l’ai imposée à table le
dimanche chez mes grands-parents, à Calais, ville bombardée, détruite à 70%.
Pour eux, 40 ans après, rien de tout cela n’était évident. Moi, j’étais déjà un pur produit de la
réconciliation franco-allemande, de ce rêve européen. Après avoir grandi dans le Nord de la
France si près de la Belgique, de l’Angleterre, de l’Allemagne, de la Hollande… nous étions
européens. Nous rêvions de partir en ERASMUS, d’aller à Cracovie, à Berlin, à Barcelone.
On a vu tomber le mur puis ma correspondante allemande m’en a envoyé un bout.
Et il y a la Suisse, ma nationalité suisse, la crise libyenne, l’affaire des minarets, la fin du
secret bancaire, Polanski. J’aime ce pays, tel qu’il est, sans guerre, vierge d’un passé
colonial, livré à lui-même face à Kadhafi mais avec vue sur le lac. Ce pays va-t-il un jour se
tourner vers l’Europe tel un amant dans le regret ? :
« Europe ? Veux-tu encore de moi ? Je regrette, reviens ! Je dirais oui à tout. »
L’identité Européenne est pour moi le principal enjeu scénique. La Suisse sort groggy de ces dernières années rythmées par la polémique et les critiques de ses voisins. La question de sa pérennité hors de l’Europe se pose à nouveau. L’Europe, elle, suite à la crise économique redistribue les cartes. Quels risques pour l'Union européenne ?
Marie Fourquet
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