theatre-contemporain.net artcena.fr

Accueil de « Die Sonne »

Die Sonne

+ d'infos sur le texte de Olivier Py traduit par Leopold Von Verschuer
mise en scène Olivier Py

: La Pièce

En 2007, pour inaugurer son mandat et se présenter au public de l’Odéon, Olivier Py avait choisi de reprendre Illusions comiques. L’oeuvre paraissait écrite sur mesure pour introduire à la vie, à l’oeuvre et aux rêves d’un homme-orchestre de la scène, auteur, metteur en scène et interprète de son propre verbe.

À son univers aussi, où le théâtre et le réel, le pur et l’impur, l’ivresse du lyrisme et la dérision douce-amère ne cessent d’échanger leurs masques – et où, en conséquence, tous les extrêmes ne cessent de se toucher de très près : l’humilité n’y est pas moins folle que l’ambition, la passion s’y dénude comme l’amour, la certitude de la mort y accompagne comme une ombre la conviction de sa défaite inéluctable. Cinq ans plus tard, alors que son mandat s’achève, Olivier Py met en scène une oeuvre qu’il n’avait pas plus conçue comme conclusion qu’Illusions comiques n’était censé être une préface. Et pourtant, à découvrir Axel, le héros du Soleil (ici présenté dans sa version allemande), on ne peut que songer au protagoniste des Illusions. L’un et autre triomphent par le théâtre, y puisent une énergie avec laquelle ils seraient prêts à soulever le monde. L’un et l’autre, comme à leur corps défendant, suscitent autour d’eux le désir, la fascination, l’appel à satisfaire toutes les questions et tous les besoins. Mais dans les Illusions, la tonalité était souvent ironique, voire narquoise, et le poète, en s’exposant, était le premier à rire de lui-même. L’atmosphère de Die Sonne, même zébrée d’éclairs burlesques, est plus grave : Axel, à cet égard, est plutôt le continuateur et l’héritier du héros éponyme du Visage d’Orphée, celui qui a “choisi au nom des hommes d’être toujours le veuf, toujours en marche”. Comme lui, son voyage traverse le pays de l’épreuve et de la perte. Dans les deux pièces, la méditation sur l’existence doit affronter la mort d’un enfant. D’ailleurs, dans Les Vainqueurs, sa trilogie de 2005, Py avait déjà baptisé «Axel» l’un des trois principaux personnages – celui que le prologue désigne comme «le fossoyeur»…


Die Sonne (Le Soleil) n’est pas pour autant une pièce sinistre. Simplement, elle accuse et durcit le trait qui sépare le trop-plein jaillissant de l’existence inspirée et l’accablement, l’hébétude même, de celui que l’expérience du néant est venue frapper de plein fouet. L’oeuvre est divisée en autant d’actes qu’il y a de saisons. Les deux premières célèbrent le réveil, puis la plénitude des puissances de vie et de fécondité ; à l’automne et à l’hiver correspondent le doute, puis un désespoir qui paraîtra longtemps sans issue… Pourtant Axel, franchissant le solstice, va refermer le cercle du temps – ou tout au moins esquisser une telle fermeture, comme si la roue de fortune et d’infortune pouvait aussi tourner du désespoir vers l’exaltation à venir. Reprenant la route comme Orphée «toujours en marche», l’acteurpoète venu on ne sait d’où, né on ne sait de qui, redevient libre en rompant tout lien : «il court dans la rue», indique l’ultime didascalie. Son départ sans adieu, et tout semblable à une fuite, est comme le suprême don qu’il pouvait faire à ceux qui l’ont aimé : celui d’une absence à laquelle manquera toujours la conscience qu’il y eut une dernière fois, un dernier visage, de dernières paroles – l’absence d’un «homme aux semelles de vent», comme le disait Verlaine de Rimbaud, d’un être voué à se perdre au loin en léguant à son seul sillage tout son éclat, et qui ne pouvait que passer – à tombeau ouvert.

imprimer en PDF - Télécharger en PDF

Ces fonctionnalités sont réservées aux abonnés
Déjà abonné, Je me connecte Voir un exemple Je m'abonne

Ces documents sont à votre disposition pour un usage privé.
Si vous souhaitez utiliser des contenus, vous devez prendre contact avec la structure ou l'auteur qui a mis à disposition le document pour en vérifier les conditions d'utilisation.