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Démons

mise en scène Marcial Di Fonzo Bo

: Entretien avec Marcial Di Fonzo Bo

Propos recueillis par Pierre Notte

Faire d’abord un film, puis une pièce depuis un scénario adapté de Démons, c’est bien que l’œuvre vous est essentielle... mais en quoi ? Ou pourquoi ?


Lars Norén est un dramaturge de théâtre tout comme je suis un homme de théâtre. Pour la réalisation de mon premier film, j’ai choisi ce texte car il me permettait de penser du cinéma à partir de quelque chose que je connaissais mieux.


Plein d’artistes réalisateurs ont travaillé sur cette frontière, Fassbinder, Bergman, Cassavettes ou Pasolini. J’ai longtemps cherché un texte et les acteurs qui puissent me permettre cette expérience. Dans sa tentative d’épingler le réel, grâce à l’hyperréalisme des situations et aux dialogues ciselés, l’écriture de Norén se prêtait tout naturellement à l’adaptation cinématographique.


Quelles sont les différences fondamentales entre le scénario et la pièce ?


Pour le scénario, nous nous sommes, Louis-Charles Sirjacq et moi-même, librement inspirés de la pièce dont on a déplacé une grande partie du récit. Nous avons inventé des nouvelles séquences, des situations parfois muettes, nous nous sommes attardés sur des regards, des silences. Une grande partie des dialogues ont été réécrits, car c’est Louis-Charles qui a aussi traduit le texte du suédois pour sa création française dans les années 80.


Nous avons transposé l’action dans un vieux château, éloigné de la ville, au bord d’une forêt, où Frank serait le dernier héritier d’une grande fortune familiale, dernier légataire d’une lignée aristocratique italienne en voie de désintégration, et où Katarina se trouverait dans cette bâtisse un peu à son insu.


Tomas et Jenna, tous deux issus du milieu prolétaire, viennent d’acheter une autre partie du terrain, les dépendances du domaine, et s’y sont installés depuis peu. Ils arrivent avec leur bébé, Wolfgang, symbole d’espoir dans leur ascension sociale. Inversement, en ouverture du film, on assiste à l’enterrement de la mère de Frank.


L’extérieur du domaine nous a permis la transposition en images de certaines séquences, et la forêt, hantée par la lumière de la nuit, a été le terrain propice à tous les fantasmes de Frank.


Qui sont ces Démons ? En quoi sont-ils démoniaques ?


Aucun des personnages n’échappe à l’enfer conjugal, ni à celui de la condition humaine. L’auteur nous donne à voir le « quotidien » d’un couple et les démons qui le dévorent. Le texte s’inscrit dans la lignée de l’univers de Strindberg ou de Bergman. Lars Norén ne voit aucune solution, aucune issue à la lutte des sexes.


Lars Norén intervient-il dans la direction du projet ?


Non, il m’a donné toute liberté.


Faire un film et mettre en scène une pièce, dirige-t-on pareillement les comédiens ?


Au théâtre je suis toujours surpris par la justesse d’exécution des acteurs lors des premiers jours de répétitions. Leurs premiers gestes, leurs intuitions, lorsque l’inconscient opère de manière certaine. Mais très souvent le travail au cours des répétitions ne se retrouve pas par la suite. J’ai toujours pensé que cette première étape dans le travail était plus intéressant à « capter en images » que le spectacle.


Pour approfondir les personnages et écrire des nouveaux dialogues, nous avons tout naturellement été inspirés par la présence des quatre interprètes du film : Marina Foïs, Romain Duris, Anaïs Demoustier et Stefan Konarske. Nous avons écrit pour eux : leur personnalité, leurs corps se sont fondus dans les contours de personnages.


Une femme, La Petite, La Mère... on peut dire que vous mettez en scène des cauchemars, des drames oniriques ? Démons appartient-il à ce registre ?


Sa dramaturgie oscille toujours entre l’intime et le documentaire, le biographique et l’abstrait, le constat de la réalité sociale et la dénonciation politique.


Le tout dans un mélange d’impudeur et de cruauté, d’exhibition et de vérité. Une véritable descente aux enfers qui se déploie dans un engrenage irréversible.

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