theatre-contemporain.net artcena.fr

Accueil de « Démangeaisons de l'oracle »

Démangeaisons de l'oracle

+ d'infos sur le texte de Florent Trochel
mise en scène Florent Trochel

: Note d'intention

LE CONTEXTE :


Notre puissance de développement est aujourd’hui si importante que nous épuisons les réserves de combustibles fossiles un million de fois plus rapidement que ce que la nature a mis pour les constituer. Dans ce contexte, comme dans d’autres domaines, les rapports d’experts s’accumulent pour prédire l’imminence d’un hiatus entre les conditions actuelles de notre vie et le maintien d’un environnement naturel et social stables. Une limite semble proche. Une métamorphose serait nécessaire.


Je suis sensible à l’écart qu’il y a entre ces prémonitions, parfois alarmistes mais relativement consensuelles, et l’expérience d’un quotidien qui, autour de nous ne change pas, ou pas vraiment, pas fondamentalement.


Mais comment dire ce temps de la démesure, contenu dans une réalité plus petite ? Comment traduire le tragique de ces distorsions contemporaines : distorsion entre le proche et le lointain, distorsion entre l’acte anodin et ses virtualités prometteuses ou catastrophiques, distorsion entre la rentabilité immédiate et l’efficacité absurde, distorsion entre une expérience partielle, modeste, intime, et son inscription dans une réalité globale et hors d’échelle, une réalité mesurable mais finalement inconcevable ?


LE PROJET :


A travers la trajectoire de trois figures qui mêlent le passé et le présent, «Démangeaisons de l’oracle» recompose, par bribes et par fragments, le pressentiment d’une mécanique inéluctable. Un quotidien qui promet peu se dessine, dans lequel des êtres aspirent malgré tout à d’autres hauteurs. Dans un dispositif qui dédouble les espaces et les temps, une histoire se noue, qui mêle le quotidien et l’épique, le banal et le singulier, l’archaïque et la technologie.


Ces trajectoires se nouent au travers d’une forme qui se donne la liberté de mêler les registres et les codes, les atmosphères et les médias. Une forme qui est l’expression d’une réalité démultipliée, fragmentée, et trouble. C’est dans ce cadre que les technologies nouvelles apportent pour moi des possibilités différentes d’articulations, de ruptures et de déplacements entre « théâtre » et «cinéma ».


La projection de séquences filmées narratives, alternera avec des séquences jouées sur un plateau de théâtre, comme des arrière-plans, des contres champs, ou des flash-back. Le présent de la narration sera principalement porté par la projection afin que le passé des personnages incarnés à l’écran paraisse ressurgir depuis le présent du plateau. Dans ce va-et-vient entre la scène et l’écran, « Démangeaisons de l’oracle » proposera une traversée ou chaque espace de représentation deviendra la projection de l’autre, sa diffraction dans l’espace et dans le temps.


Ce qui m’intéresse c’est la trajectoire que dessinera chacune des figures entre sa présence à l’image et sa présence réelle. C’est pour cette raison que les articulations entre la partie filmée et la partie scénique ne peuvent réellement se préciser qu’au cours d’un premier temps concret de travail avec les acteurs.


LA CONSTRUCTION NARRATIVE :



Dans «Démangeaisons de l’oracle» les péripéties de l’histoire qui se développe m’importent, mais elles ne sont pas mon point de départ : l’histoire est faite d’échos, d’allusions, de situations et d’images qui, pour moi, valent d’abord par leurs rencontres. J’aborde la narration en plasticien, comme une matière qui prendra plusieurs formes, une matière qui se transforme. Avec l’écriture, je cherche à articuler des atmosphères et des sensations et l’histoire me sert à inscrire cette expérience sensible dans une continuité, dans un mouvement. De même que la scénographie organise pour le spectateur le sentiment d’un espace démultiplié dans la profondeur du plateau, l’écriture se développe aussi comme un lieu de stratification du sens. Derrière le sens immédiat des mots, je cherche à faire exister d’autres résonnances.


L’histoire est construite par touches et par flash-back, autour de trois êtres, traités comme des figures mi-contemporaines et mi-archaïques, qui s’inscrivent dans une mécanique apparemment tragique. « Démangeaisons de l’Oracle » est comme une épopée dans un verre d’eau.


Un ancien chef d’entreprise aveugle nommé OEdipe Werner, une jeune fille du nom Venezia Mestre qui assiste ce dernier en raison de son infirmité, et un voleur qui est le demi-frère de la jeune fille, croisent leurs destins dans une salle d’attente d’hôpital. Chacun d’eux est en quête d’un renouveau qui tarde à venir. Par bribes, les « Démangeaisons de l’Oracle » reconstruisent selon les points de vue des uns et des autres, des moments de leur présent et de leur passé. La nature des leurs relations mutuelles ne se dévoile que progressivement, tout comme les liens narratifs qui se diffractent entre l’espace du plateau et les séquences filmées.

Florent Trochel

imprimer en PDF - Télécharger en PDF

Ces fonctionnalités sont réservées aux abonnés
Déjà abonné, Je me connecte Voir un exemple Je m'abonne

Ces documents sont à votre disposition pour un usage privé.
Si vous souhaitez utiliser des contenus, vous devez prendre contact avec la structure ou l'auteur qui a mis à disposition le document pour en vérifier les conditions d'utilisation.