« Didon et Enée » aura fait d’ Henry Purcell (1659-1695) le plus grand compositeur d’opéra anglais. Ses autres oeuvres, non moins magnifiques, étaient considérées comme des semi-opéras, un genre très courant en Angleterre à l’époque. Purcell était également compositeur de musiques de scène et d’odes pour la cour. L’auteur du livret de « Didon et Enée », Nahum Tate (1652 - 1715) s’est inspiré du livre 4 de l’Enéide de Virgile, poète et écrivain latin de -70 avant J-C. Il y raconte les aventures d’Enée, qui, après avoir sauvé son père Anchise et son fils Ascagne des flammes de Troie, a traversé les mers pour accoster, après bien des tempêtes, le port de Carthage.
Elissa, fille du roi de Tyr Mutto s’est enfuie de son pays natal pour ne pas périr entre les mains de son frère Pygmalion, assassin de son mari Sychée à des fins mercantiles. Elle est devenue la reine “Didon”, qui signifie errante dans le dialecte des gens de Numinie, sa terre d’accueil : la veuve intouchable, la reine de Carthage…
Tout bascule lorsqu’Enée entre dans son royaume : l’amour remet en cause ses principes, elle succombe à la tentation pour en mourir…
Mais qui sont les ordonnateurs de cette grande tragédie ? Dans l’Enéide il s’agit bien d’un combat féroce entre deux déesses : Junon et Vénus. La première s’attelant avec ténacité au malheur d’Enée et de tous les troyens, tandis que la deuxième le protège, comme une mère aimante.
Dans l’opéra de Purcell, ce sont les sorcières, personnages Shakespeariens créés par Tate, qui manipulent avec délectation les héros et leur peuple jusqu’à la fin tragique de Didon.

Cécile Maquet (assistante à la mise en scène)