le soir de noël. un jour en famille. le rite social et catholique est observé. les préparatifs : on installe le sapin, on prépare les santons de la crèche. la famille va enfin se réunir, se retrouver presque malgré elle autour d’un rite. elle va se réconcilier peut-être. les cadeaux, la nourriture, le rite prévaut et rapproche, reforme, ressoude. autour du petit jésus, on se réconcilie, on se retrouve, on se réunit. mais autour de la grand-mère qui meurt, on se déchire, on se juge, se jauge, on se condamne. pour finir, l’amour l’emporte sur tout, surtout quand les suicides ratent et que les enfants acceptent de bien vouloir suivre l’ordre normal des choses et de ne pas mourir avant leurs parents.

premier temps

noël. les préparatifs. ça commence mal.

on attend noël, la paix revenue sur la terre. l’accalmie en famille. mais voilà que le père, qui installe les boules du sapin, refuse l’aimable fellation que la mère se proposait de lui offrir.

mais voilà que les enfants arrivent et que cela commence mal. nathan, l’aîné, n’a pas trouvé de bûche, il rapporte une galette des rois. tonio, le cadet, fouille dans les affaires de sa grand mère et revêt une robe. geneviève, belle fille, vomit, et refait les papiers cadeaux. la mère, désespérée, fait les carreaux. la grand-mère, elle, a disparu. on la cherche. on l’oublie. on la retrouve : elle était sous la table, nue. les enfants conduisent la grand-mère à l’hôpital.

deuxième temps.

l’hôpital. la fin de la grand-mère. ça continue pareil.

tonio et geneviève se disputent dans la voiture sur la route de l’hôpital. nathan et son père se disputent dans la cafétéria. la mère s’est égarée dans les couloirs. tonio et geneviève, égarés plus tard dans d’autres services, se disputent encore, et la mère et le père se retrouvent dans l’ascenseur, où ils se disputent à leur tour. tout le monde, partout, se dispute. puis tout le monde se réconcilie, dans ces petits lieux isolés, la voiture, le couloir, la machine à café, l’ascenseur. parce que l’amour et la tendresse, dans l’épreuve qui se prépare du deuil à faire, prévalent sur tout.

troisième temps.

le lit de la grand mère. ça va de pire en pire. avec climax, comme on dit.

autour de la grand-mère, les paroles fusent, règlements de compte en famille autour de la vieille qui meurt là tranquillement, sans que personne ne s’en rende compte. ils se fâchent, se remettent à leurs places de mauvais fils, fils modèle, belle fille ingrate ou mère aveugle et père absent. tout le monde y passe jusqu’à ce que la mort advienne. et comme el deuil est difficile à faire, on recommence depuis le début. déflagration dramaturgique : on rejoue la même scène, en pire, plus dingue, plus éclatée, plus violente, on va plus loin, et on commente. on étudie un peu ces figures humaines qui se déchirent, ces guerres intestines qui nous sont essentielles, nos pulsions et impulsions de petits barbares en famille, chiens sociaux.

épilogue.

la chambre de tonio, qui s’est pendu.

chemin de croix oblige, l’enfant cadet, le silencieux, le taciturne, qui supporte mal la mort de la grand-mère, se pend. avec les guirlandes du sapin. la famille à nouveau est réunie autour du corps pendu, tous en action travaillent à le dépendre, à soutenir la mère, à aider le fils, le père travaille enfin à quelque chose, il porte tout le monde. la belle fille aussi, elle trouve sa place dans la catastrophe. et tout le monde est là, autour du corps de tonio dépendu, quand enfin tonio respire à nouveau, survit, renaît, revit. alors tout le monde est content, tout le monde est heureux d’être en vie et ensemble, et quelque chose de nouveau va pouvoir enfin peut-être commencer.