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Avant/Après

mise en scène Michèle Foucher

: Question de temps

Roland Schimmelpfennig est très prudent quand il parle du rapport de ses pièces à ce qu’on appelle la « réalité ». «Elles racontent probablement quelque chose de l’atmosphère climatique de nos conditions de vie actuelles », dit-il.
C’est peut-être pour cette raison que ses petites et grandes pièces sont considérées comme des approximations poétiques, un peu vagues et confuses sur un monde qui pourrait être le nôtre. Il a cette réputation de poète sorti du cadre de notre présent. Et pourtant, un historien futur pourrait bien y trouver des clés. Il ne découvrirait dans ces pièces aucun dessin net de notre société, aucun point de vue sur elle. Rien n’ennuie davantage Schimmelpfennig que ces lamentations largement répandues dans la jeune littérature.
L’historien ne trouverait guère d’éléments sur la politique ou ce qu’on appelle les « débats de société ». Mais plus qu’ailleurs, il trouverait dans les pièces de Schimmelpfennig des indices sur la relation des choses entre elles et sur ce qui fait que les choses sont comme elles sont.


En procédant plutôt selon les règles d’une composition musicale que sur celles d’une simple narration, Avant/Après observe ce qu’on appelle couramment la « relation », de son degré le plus neutre à celui qui annonce le conflit. Chez Schimmelpfennig, une fêlure traverse en profondeur la structure étrange qui fait se lier ou se repousser les êtres humains entre eux. Ils sont ensemble mais ne s’atteignent jamais vraiment. Même quand ils désirent se coller l’un à l’autre, la querelle s’insinue dans leurs dialogues.
C’est ainsi que les individus vont de l’avant à l’après. Ce n’est qu’après qu’on sait ce qu’on a fait avant, mais sans jamais aucune certitude. La méfiance de l’auteur envers toute forme de relation est énorme. Quand on essaie de le faire parler, quand on le contredit et qu’on lui objecte la possibilité du bonheur comme thème dramatique, que les contes fragiles qu’il écrit pour le théâtre devraient peut-être raconter le bonheur, il répond tout au plus: « Ce qui me pousse, c’est la description de l’échec. Ce n’est pas original. Mais c’est comme ça. La perte traverse toutes mes pièces. » (…)


Peter Michalzik
texte français Christine Seghezzi
In Franfurter Rundschau, 22 novembre 2002

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