Si nous pouvions mesurer la distance qui nous sépare de ceux que nous croyons le plus proches, nous aurions peur
Jean Cocteau / Opium

Il est vrai qu’il y a l’anniversaire de sa naissance. Mais hormis cet événement et l’occasion de pouvoir ainsi mieux faire découvrir cette femme de ce côté-ci de la Sarine, je pense que son engagement et son exemple de vie ont tout à fait leur place à notre époque.

La première chose à démontrer, à mon avis, est qu’Annemarie Schwarzenbach est un grand écrivain. Il suffi t de lire La mort en Perse pour s’en convaincre. L’exemple de son engagement, dans cette Europe qui s’enfl amme de toute part, sa défense de la liberté de presse et d’expression, son combat pour se libérer de la drogue et de toutes ses dépendances, l’affi rmation de son homosexualité, défi er sa famille face à la montée du nazisme - n’oublions pas que c’est la petite fi lle du général Wille - tous ses combats sont exemplaires.

C’est pour cela que je veux monter cette pièce, pour réveiller en chaque jeune et moins jeune la volonté de combattre nos désillusions par une force de créativité. René Zahnd n’a pas écrit une pièce biographique, mais il met en évidence les relations autant familiales qu’amicales pour montrer le chemin parcouru par une femme qui croit en l’expression comme seule force et qui doit se battre jusqu’à la mort et dans la plus profonde solitude.
(C’est un exemple de lutte et d’engagement, une façon de mettre en avant le courage et la ténacité de cette artiste) C’est une pièce qui parle de la dualité de toute personne entre ce que nous sommes et ce que nous rêvons d’être, ou ce dont nous pourrions révolutionner et ce que nous pouvons réellement faire. Annemarie Schwarzenbach n’a jamais eu peur d’être sur le terrain. Ni les kilomètres ni les hôpitaux psychiatriques, ni la solitude, ni les rencontres ne l’ont empêchée de continuer à écrire, de poursuivre sa lutte. Partir en Allemagne, soutenir un cabaret antifasciste, monter une revue littéraire d’opposition, elle s’est toujours engagée et peut–être que nous avons besoin de ces exemples pour nous guider actuellement, loin des stars futiles d’un jour que l’on consomme sans vraiment savoir pourquoi.

Christian Egger