Louis : Tu as acheté un hors-bord Papie ?

Richard : Oui. Sur Ebay.

Madeleine : Ça ne s’invente pas. Quand le paquet est arrivé, il pleurait, hein Richard ?

Richard : Oui.

Madeleine : Il me jurait qu’il ne l’avait pas fait exprès que la souris avait ripé, qu’il faisait ça pour jouer, pour essayer. Les ventes aux enchères, ça a toujours amusé ton grand-père.

Richard : Oui.

Madeleine : Ç’aurait pu être un yacht, un trois mâts, une jument, je ne sais quoi. On l’a échappé belle.
On vend de tout sur internet. Bref, après le hors-bord, je l’ai mis sous curatelle. Mais ce placement, ça date d’avant. Personne ne m’a rien expliqué. Ce nouveau conseiller, je ne l’ai jamais senti ce gars-là, tout frais émoulu de je ne sais quelle école supérieure de couillons, excusez l’expression, mais je ne peux pas le sentir, son p’tit ton arrogant, Madame Lebas, il ne faut pas être frileuse comme ça, avec son accent luxembourgeois, faites fructifier l’épargne Madame Lebas, faites fructifier. Même au téléphone je sens les postillons. Il ne m’a rien dit sur ces placements ce p’tit con. Il se planque maintenant. (…)