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Les Solitaires intempestifs : Présentation de la pièce par Lagarce

pour la plaquette de saison 1991/1992 du Théâtre Granit, Belfort

Parfois, c’est comme un mélodrame, et puis comme une chanson, ou un film ou le souvenir d’un livre qu’on croirait connaître ou tout simplement le récit des vies que nous pensons avoir vécues.

Hélène et Alexandre auraient pu se rencontrer simplement, au début, tout de suite, lorsqu’ils étaient jeunes et faire leur vie ensemble. Lui, il ne la voit pas vraiment.
Alexandre épouse Béatrice, c’est l’été. Elle chante, tout le spectacle, elle chante, c’est une très belle femme. Elle comprend, « comme ça », on voit ça, elle comprend que Hélène aime l’homme qu’elle épouse.
Dans la troisième partie, elle meurt.
De maladie, par exemple ou encore dans un accident de voiture. Il y a une longue scène, c’est l’automne, il y a une longue scène à l’hôpital. C’est la première fois dans ce groupe de gens que quelqu’un meurt et ensuite plus rien ne sera pareil.
Félix et Louise forment, tout au long de l’histoire, toutes ces années, « un beau couple », c’est l’expression qu’on emploie.
Plus tard – c’est la mariage de Béatrice et Alexandre – Louise est enceinte. C’est l’été.
A l’hôpital – c’est l’automne, je l’ai dit – lorsque tous, ils sont autour du corps de Béatrice, on comprend qu’ils se retrouvent. L’enfant est par là, il est grand maintenant, il se promène avec un walkman sur la tête.
Alexandre, Félix et Hippolyte sont amis. Les trois hommes sont amis. Pas amis, non, solidaires. Et différents et encore ils ne se souviennent plus comment ils se connurent et les raisons de ça, cette amitié.
Hélène va d’un homme à l’autre et jamais on ne l’aime vraiment. On l’aime bien.
Plus tard, mais c’est presque fini, plus tard, elle refait sa vie avec Alexandre après la mort de Béatrice, ou bien plutôt, Alexandre refait sa vie avec elle.
Hippolyte et Solange sont mari et femme, dès le début, presque aussitôt et ils le restent jusqu’à la fin.
Ils n’auront jamais d’enfant.
Solange porte un tailleur indémodable et elle dit ça, « il lui fait bien du profit ».
Elle et Hippolyte, ils s’enrichissent. Ce n’est pas un crime, je ne sais pas, mais ils s’enrichissent.
Félix porte souvent les autres, les enfants endormis, les hommes ivres ou les femmes évanouies. Parce qu’il est fort, mais aussi parce qu’il est bon. Personne ne le porterait s’il tombait mais il ne tombe jamais, de toute façon.

01 septembre 1991


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