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Couverture de En dessous de vos corps, je trouverai ce qui est immense et qui ne s'arrête pas

En dessous de vos corps, je trouverai ce qui est immense et qui ne s'arrête pas

de Steve Gagnon


En dessous de vos corps, je trouverai ce qui est immense et qui ne s'arrête pas : Extrait 1 (pages 9-10)

Avec l'aimable autorisation des Éditions l'Instant Même

1. Le Temple


Britannicus et Junie font l’amour.


JUNIE– Heille ! i’est 1 h 20 !


BRITANNICUS, qui continue à embrasser ses seins. – Ouais pis ?


JUNIE – Ton bus passe dans dix minutes.


BRITANNICUS – Pas grave, on s’en fout.


JUNIE – C’est le dernier.


BRITANNICUS – Pas grave, j’vais prendre un taxi.


JUNIE –J’veux pas être plate, mais il te reste vingt-trois piasses dans ton compte.


BRITANNICUS – Merde, c’est vrai.
Merde, t’as raison, faut que j’me grouille.
Merde, ça fait donc ben chier !
Ça fait chier, hein ?


JUNIE, qui sourit. – Oui.


Il se lève et s’habille. Sous-vêtements. Vêtements. Manteau d’hiver. Tuque. Foulard.


BRITANNICUS – Pas grave.
Ça achève. C’est fini même.
Demain, tu vas venir vivre chez nous, faque ça va être réglé.
Enfin tu vas venir vivre chez nous. Hein !?
Comme une reine. J’vais te recevoir comme une reine.
Demain, on sera pus pressés, on aura pus besoin de courir de même. Demain, j’vais pouvoir fermer mon cellulaire la tête en paix avant d’ me coucher. Demain, si tu veux m’ parler avant d’ t’endormir, t’auras juste à m’ toucher l’épaule, même au milieu d’la nuit, pour que j’me retourne vers toi, pour que tu m’parles.


Demain, tu vas être là, à côté d’moi. Demain, y aura un lit pis tu diras que c’est ton lit pis j’vais dire que c’est mon lit aussi. (…)

Dehors. Arrêt d’autobus. Il fait froid. Il neige.


Demain, j’vais t’avoir près d’moi comme j’ai en moi mon sang pis mes gènes, tu vas faire partie de ce que je traîne toujours avec moi : toi, mon sang, mes gènes, mon ÉpiPen, mon iPhone.
Maintenant, les éclairs pis les nuits de chaleurs étouffantes, on va les vivre ensemble.
Les journées longues d’hiver aussi.
J’ai besoin de toi. Tellement. Pis demain, tu vas venir vivre avec moi. C’est malade mental cette affaire-là.
Ma belle reine de coton ouaté d’amour. Demain, à cause de toi, ma maison va devenir un temple. Toi, tu t’brosseras les cheveux, moi, j’vais t’apporter des oranges pis des parfums toute la journée.


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