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Zoltan

+ d'infos sur le texte de Aziz Chouaki

: Extrait d’une interview de Aziz Chouaki

par Jean-François Perrier

Jean- François Perrier : Dans votre oeuvre théâtrale vous avez beaucoup questionné soit les rapports entre la France et ses anciennes colonies, dont l'Algérie, soit l'état de la société algérienne. Pourquoi aujourd'hui vous tourner vers l'Europe centrale et ses problèmes ?


Aziz Chouaki : Cela fait près de 20 ans que je vis en France. A mon arrivée, j’avais, en effet, dans mon paquetage, une Algérie défigurée, qui me sommait de porter sa parole explosée dans l’agora du Théâtre de France. J’ai donc écrit Les Oranges, Une Virée, Les Coloniaux, entre autres, textes dont le ramage s’entrelaçait forcément avec celui de la mémoire de France. Puis, je me suis rendu compte, que ce qui aimantait plus précisément mon écriture, ce sont les situations d’imbroglio, identitaires, anthropologiques, et surtout la stature de l’homme face au chaos, cela constitue, je crois, l’aliment premier de mon théâtre.
Donc, les Balkans, la diffraction, la douleur. L’analogie avec l’Algérie me semblait parlante, à plein d’endroits. La guerre, toujours la guerre, et l’homme qui multiplie les postures, conjuration, mépris, et humour très noir, quasi psychiatrique, au sens Nietzschéen, en tant qu’il agit comme un talisman sur l’absurde du monde.


Dans Zoltan, il est question de mythologies post-contemporaines, le personnage éponyme se définit comme l’élu du Gotha mondain de la planète, il est en contact immédiat avec les dieux de l’image d’aujourd’hui, (show bizness, people, etc). Tel Don Quichotte, la puissance de son imaginaire terrasse l’adversité et la vacuité du présent. Il brille devant son public, des éclopés du coeur, il leur donne du rêve, cette valeur absolue que veulent raser toutes les dictatures de l’histoire.
Dans le théâtre on peut déconstruire la géographie, dès lors, pour moi, le Nord et le Sud ne désignent plus de la terre, ou des pays, mais plutôt de la capacité de Cocagne. Le Nord c’est plus de Cocagne, le Sud c’est moins de Cocagne, le Nord c’est bombance, le Sud c’est précarité. Cette géographie de la valeur rétablit transversalement l’analogie avec l’Algérie qui appartient, avec les Balkans, et, hélas, avec bien d’autres contrées, au continent de la douleur.
Une autre raison qui fait que mon écriture prospecte d’autres rivages, c’est peut être aussi que j’ai envie de déjouer une certaine injonction d’assignation identitaire dans laquelle je me sens parfois étouffer, et de laquelle, tout bonnement, je voudrais m’émanciper, quitte à y retourner, plus tard, à la saveur de mon plein libre arbitre et au plein soleil de mon propre gré.


Interview d’Aziz Chouaki par Jean-François Perrier, septembre 2011

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