La pièce fonctionne en vase clos. Seuls quatre personnages sont présentés. Ils traversent plusieurs espaces : la chambre de Werther, les ruines d'un casino, la loge de Lotte, l'entrée du théâtre, le métro, le sommet d'un gratte-ciel. Werther évolue dans une villefantôme que l'auteure a conçue comme une maison de poupée où nous observons le héros romantique se débattre.

Il s'agit d'élaborer un espace qui permette de voyager aisément entre les différents lieux intérieurs et extérieurs, tout en conservant l'unicité du ring où se développent les affrontements et la claustration de Werther.
(RQ-la pièce étant en cours de création, les intentions ci-dessous rendent compte de l'étape effective du spectacle et sont toujours en travail.)

Pour permettre l'ouvert, le fermé, l'extérieur et le huis-clos, un module construit comme un quai est disposé entre les spectateurs et le plateau. Ce quai (ou cette margelle) permet de suggérer la délimitation des intérieurs, un coin de rue, la plateforme du métro, la berge où vit Wilhelm. Il se traverse différemment selon les lieux à évoquer.
Nous verrons Lotte et Werther souvent à l'intérieur, tandis qu'Albert et Wilhelm voyagent sans peine sur les allées comme sur le quai.
La margelle permet aussi de rendre la limite sur laquelle se situe Werther à la fois claire, poétique et jouante.
Enfin, les différentes hauteurs que ce quai multiplient élégamment l'alphabet spatial dont les acteurs disposent.

Plus les lieux ou les situations sont quotidiens, plus le traitement du jeu et de l'espace sera stylisé (des cadrages de lumière nets, une esthétique marquée, un jeu qui retient les informations et qui n'avoue pas tout).
Les passages les plus oniriques ou décalés - comme la scène Au sommet du gratte-ciel qui s'apparente à un rêve de Werther, ou la scène Quel jour sommes-nous qui comporte un traitement de langage particulier très poussé - sont abordés avec le plus de concret possible . Là aussi, le travail de jeu et de lumière nous permettent ce travail a contrario.