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Violentes femmes

mise en scène Robert Cantarella

: Note du metteur en scène

Nous nous sommes dit que nous voulions continuer.


Nous avions commencé par faire connaissance il y a des années quand je dirigeais un théâtre. Il était venu me dire qu’il voulait faire du théâtre et du cinéma. J’aimais l’appétit, la déclaration de désir, de l’excès, là où souvent la modestie cache la volonté de puissance. Lui, Christophe Honoré voulait tout, simplement, gentiment, ardemment.


J’ai commencé par faire le vieux qui sait, qui conseille, qui dit que tout le monde veut faire du théâtre, du cinéma, des livres et des chansons. Je lui disais de commencer par le théâtre et qu’il vienne ici, là où je pouvais l’inviter. Je voyais son travail de théâtre. Nous parlions.


Je vais au cinéma voir ses films, il vient au théâtre. On se parle d’acteurs, de formes, d’écritures et d’images. Je lui annonce, des années après, que je veux faire du cinéma, il répond : oui, oui, il faut ne jamais céder sur ses désirs, il lit mon scénario. Il est de bon conseil, comme on dit. Il est dans la salle quand je mets en scène.


Puis plus tard, l’année dernière, à la proposition d’écrire pour des élèves, il répond d’accord. Il vient aux répétitions et écrit une pièce pour eux, pour nous. Toujours exact. Nous jouons un jeune se tue au festival d’Avignon, nous continuons à parler de signes, de direction d’acteur, de cinéma, de production. Nous voulons continuer.


Nous parlons d’un texte qu’il écrirait et que je mettrais en scène. Il me demande ce que je souhaite. L’auteur pour lui est un intermédiaire, une des étapes de l’acte de la représentation. Il pense comme un auteur scénariste. Il me demande si j’ai lu Les palmiers sauvages de Faulkner. Il aime l’idée de deux histoires parallèles qui peut-être ne se rencontreront jamais. Je pense à des rails.


Nous commençons comme cela, à partir de cette envie commune de deux champs qui s’influence par capillarité, sans démonstration. Nous pensons sans le dire que c’est une forme de tension irrésolue qui nous va bien. Que le plaisir sera d’avancer dans les histoires sans savoir où sera le centre de gravité et sans doute que celui-ci ne cessera pas de bouger. Il va y réfléchir. Et il y a réfléchi. Il me parle d’un fait divers, d’un côté et d’un récit, de l’autre. Un fait divers sur un tueur dans une école supérieure de filles au Canada, et d’une femme qui a vu la vierge à l’âge de quatre ans et a passé sa vie à témoigner de ce moment. D’une part un homme qui refuse aux femmes la possibilité d’accéder aux savoirs et pour cela va en tuer plusieurs dans une école, et d’autre part un témoignage sur une apparition. Nous nous servirons de textes féministes, de témoignages, de comptes rendus. Voilà, les deux histoires sont là.


On parle et on brode.


On fait des noeuds, des points. On est penché sur des tables dans des restaurants. Je lui dis que j’aimerais que les acteurs aient une part d’improvisation, qu’il faut penser à mettre du jeu dans le jeu. Je lui dis que son travail sur le nouveau roman est exemplaire d’une mise en scène dé-normée, que des « gens de théâtre » dont je suis n’auraient pas osé cet hétéroclite non démonstratif, qu’il faut venir d’ailleurs que du sérail de la scène pour agencer de tels embranchements. Cela me donne envie, me fait envie. Le titre arrive : Violentes Femmes.
- Est-ce que ça te va ?
- -Oui, oui.
On ne cherche pas la relation entre les deux histoires, les deux panneaux de notre invention de scène. Elles se feront par réverbérations, connivences, échos.


Nous pensons que le texte arrivera par morceaux, par paquets, qu’il faut convaincre des acteurs et surtout les producteurs, qu’ils devront se décider sans texte a priori mais avec des éléments constituant le dossier de la recherche et c’est ce que nous faisons.

Robert Cantarella

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