« Pour ma génération, à l’école, les perspectives d’avenir se divisaient en deux catégories, travailler en entreprise et travailler ailleurs. C’était l’époque où il fallait faire S et allemand pour mettre un maximum de chances de son côté. Aussi quand, au fil de son échec scolaire les portes se ferment, les rêves changent. Quand on choisit une carrière artistique, on réalise tout ce qui va être plus difficile d’accès qu’au cours d’une carrière plus classique. En imaginant que tout le monde part avec les mêmes chances, être comédien, c’est se mettre des barrières sur le chemin de la propriété privée, sur la route des vacances, de la procréation, du confort en général. C’est privilégier un mode de vie fait de passion, d’art et de culture.

Malgré les apparences il y a de nombreux points communs entre certaines méthodologies du monde de l’entreprise et d’autres appartenant au monde du théâtre. Les techniques de développement personnel, de recrutement collectif, de prise de parole en public, les techniques managériales d’une manière générale sont empruntées à des exercices de théâtre. Formellement, il y a de nombreux ponts.

Chacun des membres du collectif a eu affaire au monde de l’entreprise, dans la formation, management, barman, serveur, agent de sécurité, hôte de caisse, hôte d’accueil, vendeur, etc. Pour avoir moi-même travaillé dans une entreprise de consulting et formation, j’ai pu observer la curiosité que ce milieu peut éprouver à l’égard du monde du théâtre.

Forts de ces constatations, nous nous sommes attelés à notre deuxième création, répétée en Charente- Maritime avec le soutien de la ville de Royan. Nous avons inventé Sacha, Raphaëlle, René, Dominique et Michel, nous leur avons rédigé un CV chacun, l’avons découpé, densifié, puis nous avons mélangé l’ensemble afin de ne plus raconter qu’une seule et belle histoire. Celle d’un bout de CV qui a pris forme humaine pour chanter une chanson à un autre bout de CV. »

Sébastien Chassagne