Par quel miracle le théâtre tient-il encore debout ? À notre époque, plus encore que ses capacités à raconter le monde, délivrer un message où des émotions - capacités qu’il partage avec d’autres médias - qu’est-ce qui fait de l’art théâtral, un art nécessaire ? Quelle est sa spécificité ? Nous pensons que c’est qu’il est le seul endroit où l’on puisse encore venir voir vivre des humains, vivre intensément. Voilà son apanage. Aussi, à l’heure où une certaine mode théâtrale produit des spectacles faisant preuve de distanciation, de retenue, ou bien confinant parfois à la conférence, nous faisons le choix d’un retour à la fable et à l’épique. Nous croyons aux vibrations, aux bourrasques, au spectaculaire. Mettre en spectacle - avec extravagance - la puissance des sentiments humains, la violence et la complexité de leurs relations, est pour nous un moyen de conjurer la banalité. Une offrande insolente que nous faisons à nos contemporains. Nous n’avons aucune leçon à donner, rien à apprendre, notre spectacle est une envie violente et naïve de vivre ensemble, de jouir de cette communauté éphémère. Une façon d’un peu se renifler les uns les autres et de faire une énième tentative pour peut-être, enfin, parvenir à se comprendre.