: Entretien avec Silly Boy Blue
Réalisé par Marc Blanchet
Votre nom d’artiste vient d’une chanson de David Bowie, qui fut aux côtés de Lou Reed pour la création en 1972 de l’album Transformer. Comment avez-vous découvert ce disque ?
Silly Boy Blue : Au lycée, mais pas par un titre phare comme
Walk on the Wild Side. Découvrir Bowie à cette
période, c’était entrer dans un écosystème.
Le nom de Lou Reed m’est donc parvenu
rapidement, une véritable révélation. J’allais
en cours en écoutant ce disque sur un iPod
déjà bien rempli ! En tout cas, cette première
écoute de Transformer s’est faite à l’écart du
milieu familial. Il y a eu ensuite des retrouvailles
au cours du temps, notamment à travers des
films. Ce qui précède la carrière solo de Lou
Reed, le Velvet Underground, est venu plus tard.
Transformer est de fait un album totem dans ma
vie adolescente. Lorsque l’on m’a proposé de
le reprendre en concert, je connaissais tous les
titres. Grâce à de tels albums, j’ai commencé
adolescente à travailler mon anglais en allant
parfaire mes traductions sur Internet, pour entrer
dans ces paroles, ces images.
Lou Reed a une manière de chanter, une sorte de parler-chanter...
C’est le grand challenge de ces reprises.
Lou Reed écrit d’abord pour lui ; le réinterpréter
suppose de considérer sa manière de dire les
mots, ce flegme qui lui va si bien. Il y a quelque
chose de personnel dans sa façon de raconter
une histoire, avec des mélodies magnifiques qui
semblent parfois comme s’éloigner de lui, comme
s’il était parti complètement ailleurs ! Nous avons
veillé à ce que cet artiste reste avec nous dans la
création, que son côté fantomatique soit là...
Et puis il y a la période glam rock, cette liberté
des mots, l’avant-gardisme de ces chansons.
Ces « thématiques » me touchent ; de pareils
titres pourraient sortir aujourd’hui et connaître
le même succès. L’influence du glam rock est
immense, à la croisée de toutes les générations.
Pourquoi avez-vous choisi de reprendre cet album dans un dispositif piano et voix, ou guitare et voix ?
Avec le pianiste Vincent Taurelle, j’ai défriché
les morceaux en duo. Dès la première session,
nous nous sommes aperçus de l’impeccabilité
de ces chansons nées de la rencontre entre
Lou Reed et David Bowie. Elles sont si bien
écrites ! Nul besoin de rajouter des instruments.
Notre collaboration s’est affirmée ainsi, au-delà
des arrangements somptueux d’origine. Cette
version dépouillée fonctionne et tient tout le long
du concert.
En travaillant, avec le lâcher-prise
nécessaire, j’ai éprouvé sans plagier ni mimer
les codes de ces chansons. Leur incarnation
a produit des gestes simples, spontanés,
également une manière autre d’être sur scène.
J’aime dans cet album sa nature détaillée. Je
n’ai pas vécu les années 1970, mais le disque
raconte une époque. Entre les paroles claires,
les métaphores, les relations racontées entre les
gens, il y a quelque chose de très beau, un vrai
moment de vie qui dépasse le côté sombre de
l’univers de Lou Reed. Et puis, c’est tellement
rock !
- Entretien réalisé par Marc Blanchet, 2023
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