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Tenir debout

+ d'infos sur le texte de Laura Léoni

: Note d’auteur

Tenir debout est un texte qui a pour racine l'aspect ambivalent de la littérature. La lecture a beau être une ouverture sur le monde, elle n’est pas le monde. Est-ce que les grands sentiments dont les livres nous abreuvent ont encore une place dans notre époque ? Ne sont-ils pas un obstacle entre nous et la vie réelle, un voile agréable mais trompeur ?


Ophélie a conscience de perdre ceux qu’elle aime, mais l’idée de supporter l’existence telle qu’elle est lui fait plus peur que la solitude. La vie réelle est une entrave pour elle. Et ceux qui l’y attachent (ami/amant), deviennent vite bien trop encombrants. C’est aussi ça, cette sensation de ne pas être nécessaire, qui attachent Arthur et Elsa à Ophélie. Comme s’ils ne guérissaient pas qu’elle se passe d’eux.


Ainsi le charme du personnage naît, comme pour la littérature, de son ambivalence. Ophélie est comme un livre elle sait tout de la vie et des sentiments. Elle a les mots, les attitudes, les codes, mais elle est incapable de passer à la pratique. C’est ce qui fait d’elle un personnage de surface attirant mais froid, contrairement à Elsa qui, bien que moins flamboyante, est infiniment plus vivante. Même sa cruauté est plus un aveu d’impuissance qu’une réelle perversion. Elle torture par désoeuvrement, non par plaisir.


Elle est d’ailleurs incapable d’en ressentir et ses adultères ne sont rien de plus qu’un moyen de mimer une liberté dont elle se pense privée.


Ophélie tourne en boucle sur elle-même. Tous ses actes, tous ceux qui l’approchent n’ont d’intérêt que par l’image qu’ils lui renvoient d’elle. Elle ne veut pas partager elle veut dicter. Elle ne veut pas d’ami ou d’amant mais seulement des narrateurs. Elle choisit le fantasme qui, bien que creux, se plie à ses moindres caprices et la rassure. Elle est, avec la littérature, comme un infirme avec ses béquilles. Si on lui ôte elle tombe et l’idée de se retrouver à terre lui est insupportable.


La pièce aborde également d'autres sujets tel que le sentiment d’exclusion, les solitudes qui persistent malgré la foule, la nécessité de faire des concessions nous entrainant, parfois, à nous renier, l’ennui qui s’installe progressivement, les relations de pouvoir au sein d'un couple et ce qui est susceptible de les faire changer, la définition de ce que l’on appelle l’intimité. Comment devient on intime avec une personne ? En ayant des relations sexuelles avec elle, en connaissant ses failles, en acceptant qu'elle ne soit pas telle qu'on la désire ? Et peut-on, après des années de vie commune, perdre cette intimité et se retrouver face à un étranger ?

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