Tenir Debout est un texte où les limites entre fiction et réalité se délitent. La mise en scène est là pour appuyer cet effet brumeux. Dans un décor de salon qui échappe de justesse au réalisme par son aspect épuré, l'utilisation du néon de par sa lumière brute, crue, vive et incandescente vient plaquer l'effet de réel qui émane du personnage d'Ophélie. La musique originale s'en mêle et l'émotion semble slamer, elle s'empare des mots et fait raisonner l'indicible. Pour évoquer le souvenir, l'enfance, le passé.. les diapositives sont là. Elles parcourent la pièce de façon éparse, laissant une emprunte aussi évocatrice que subjective au spectateur. Entre la machine et sa projection au mur, il y a un infime opercule ; un tulle, qui vient flouter l'image, pour la rendre incertaine...

Les souvenirs sont là, mais sont-ils vraiment fondés ? Ils apparaissent alors davantage comme des images mentales qui auraient été façonnées par les personnages. Tout en se basant sur des faits tronqués par une mémoire instable, Arthur et Elsa trouvent là une façon de dire le vrai, de s'en rapprocher... Ophélie s'ennuie des mots du quotidien, elle emprunte donc ceux de Steinbeck, de Verlaine... Ce sont ces passages de fictions littéraires qui vont permettre aux personnages de prendre réellement conscience de qui ils sont et de ce qu'il désirent véritablement.