Un père et sa fille, immigrés clandestins, attendent dans un appartement en Suède, qu’on leur apporte de faux papiers d’identité.
Ils se retrouvent à nouveau enfermés et en proie à la peur de l’extérieur, de l’autre, comme dans le pays qu’ils ont quitté : L’Afrique du nord ? le Moyen Orient ?
Petit à petit, on découvre leur parcours, le drame de la traversée, la mort de la mère, les conditions inhumaines de leur voyage dont ils sont les seuls survivants, les ténèbres dans lesquelles ils sont en train de s’enfoncer.
C’est un huis clos où les personnages attendent quelqu’un qui peut les sauver mais peut être aussi, les perdre.
La tension est latente, la nuit tombe, les personnages se révèlent.
Ils se retrouvent dans un no man’s land, celui des sans papiers, fantômes dans un pays inconnu, un monde au sein duquel ils ne peuvent exister. Mais ce no man’s land est aussi symbolique : leur perte de repères identitaires va mettre en péril les liens familiaux de ce père et sa fille, leurs rapports vont être perturbés, remis en question.
Les rôles s’inversent au cours de la soirée, ils jouent tour à tour les rôles de père et fille, de mari et femme, de mère et fils.
La fille, qui jusque-là a été la victime de son père qui se comporte parfois avec elle comme les tyrans qu’il condamne, finira, par épuisement, par devenir un bourreau bien plus terrible, quand elle sera confrontée à l’impuissance de son père face à la situation.

Avec la liberté de ton qui est la sienne et grâce aux rapports quotidiens qu’il entretient avec l’Afrique et les cultures des pays du sud, Henning Mankell nous offre un texte plein d’humanité, sans complaisance, loin des images télévisuelles anonymes et des clichés manichéens auxquels nous sommes habitués.