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Le Tartuffe

+ d'infos sur le texte de  Molière
mise en scène Philippe Clément

: Intentions de mise en scène

Même si l’on ne peut pas confondre les deux oeuvres, j’ai toujours été frappé par la similitude et le cousinage qui existe entre deux grandes légendes de notre culture moderne. L’une appartient au théâtre et l’autre au cinéma. L’une s’attaque à la notion de famille dans un siècle, (le XVIIème), où rien n’était plus sacré, l’autre concerne l’effondrement des certitudes petites-bourgeoises du début du XXème siècle. Dans les deux histoires, un brave homme crédule et « bonne pâte» recueille un semblable, dans la détresse et au bord de la misère, qu’il va installer chez lui.
La générosité se retourne contre son auteur jusqu’à provoquer sa propre ruine. Dans les deux histoires, celle du Tartuffe de Molière et celle de Boudu sauvé des eaux de Renoir, l’âme du généreux bienfaiteur est parcourue d’une fêlure étrange qui s’oppose au sens commun et à la conduite enseignée par le bon ordre social. Le regard d’Orgon sur Tartuffe, comme celui de Lestinguois sur Boudu, défie la raison et s’abandonne à un amour chrétien tellement hors du sens qu’il aura pour effet de dérégler totalement un univers trop bien ordonné, et de rendre cocu le maître de maison avant de précipiter sa ruine.
A chaque fois, deux femmes, l’une d’âge mûr, l’autre dans la première fraîcheur, sont en jeu et sont l’enjeu de cette farce au goût amer.
Chez Molière il s’agit de la mère et de sa fille, pour Renoir c’est la femme revêche et la jeune bonne avenante et tendre, victime évidente du cynisme d’un héros dangereux.


Même si l’histoire a écrit une grande et longue page sur la querelle du Tartuffe, et sur la crispation, (qu’on qualifierait aujourd’hui d’ « extrémiste »), des dévots de l’époque, pour moi la question religieuse n’est pas au centre, ni même le moteur originel de ce que nous raconte Molière.
Son premier souci n’a pas été de sonner une charge violente contre la religion, mais plutôt de nous parler de ce mal originel et inexplicable qui ronge les hommes dans leurs rapports et leurs conflits empoisonnés.


Ce n’est pas une pièce sur la religion, mais bien sur le scandale, ce qui paraît incompréhensible, ce qui pose un problème à la conscience, c’est à dire l’endroit où bute l’esprit, la chose mystérieuse qui déroute la raison ou encore trouble la foi. D’ailleurs Tartuffe lui-même a-t-il la foi ?


Enfin, le propos et l’interrogation se situent sur la famille, le « clan », cette grande marmite où bouillonnent toutes les projections et exacerbations émotionnelles, qu’elles soient maternantes ou destructrices.

Philippe Clément

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