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Accueil de « Seul ce qui brûle »

: Présentation

Sigismund, Seigneur d’Ehrenburg et sa jeune épouse Albe s’aiment d’un amour passionnel et qui ne semble pas avoir de limite. Au demeurant dans l’ardeur et l’exaltation, puis prisonnier d’un amour possessif et dépendant, Sigismund précipite sa propre chute dans une passion brûlante. Fait-il lui-même le nid de la jalousie qui le dévore ? Est-ce l’inévitable point de basculement d’une trop grande ferveur ?


Accusant Albe d’adultère, il la condamne à subir un horrible châtiment qu’il souhaite, dans sa colère, au-delà de la mort. Sigismund se retrouve piégé dans une situation dont il a fait le nid, prisonnier de sa propre fascination,  « geôlier de sa propre plaie. » Le silence total ainsi que le rituel macabre qu’il impose à sa jeune épouse ne sont que l’occasion de se faire souffrir un peu plus chaque jour, et n’ont d’égal que « la  violence de son attachement. » Il s’insensibilise comme on prend chaque jour un peu plus de poison. Petit à petit, il se mure dans un espace mental coupé de toute lumière.


Jusqu’à la venue, une nuit, du Seigneur de Bernage qui, assistant à la cérémonie, saisi par l’apparition d’Albe, est d’abord bouleversé  par sa grâce, et prenant la mesure de la situation, ne cède pas à la fascination. D’abord paralysé lui aussi par le silence, il va finalement poser de simples questions et surtout se mettre à l’écoute de leur réponse.  À  partir de cet instant, pour Sigismund la porte s’ouvre et l’ébranlement est total. D’une petite fissure dans ce roc invincible va débuter le plus grand des bouleversements : la transmutation d’un être.


Pour accomplir ce mouvement alchimique d’une matière à une autre : Chronos, le temps, et la plongée dans la nature sauvage et vivante. Les cerfs en bataille, les couleurs du dehors, les nuées d’oiseaux, les murs s’animent et tout vit.


« Le sublime jeu des mondes » pénètre le cœur si longtemps fermé de Sigismund. L’expérience est mystique. Jusqu’à la trouée totale et le déferlement de la vie qui comme l’eau emporte tout sur son passage. Sigismund / Phœnix renaît de ces cendres.


Faire sien son destin : une initiation des ténèbres à la lumière


C’est au creux de son corps qu’Albe fait grandir sa force, et grâce à l’élévation promise par Rosalinde sa mère nourrissante, elle a en main, en cœur et en pensée toutes les clés de son émancipation.


Son corps de femme est tant en lien avec la nature, le vent, les bêtes qu’elle parvient, même en en étant privée, à recréer les paysages de sa liberté. Et jusqu’à la forme du corps de ces chers compagnons : Balourd le grand chien et Amanda la douce hermine.


Elle se soigne et grandit, s’élève et gagne en puissance. Elle n’est pas le pauvre jouet d’un destin tragique, et refuse d’entrer en abaissement. Elle sait qu’il lui appartient seule d’éclairer ou d’assombrir son environnement par son regard.


« Choisis la vie et tu vivras ! » aimait à dire Christiane Singer. Elle connaît, au fond d’elle-même l’« au-delà » de sa prison. Albe s’éduque, s’initie, s’émancipe sous nos yeux pour devenir sage. De la jeune fille qu’elle était, cette expérience va la transformer elle aussi et lui ouvrir les voies du féminin puissant.


Ainsi Albe et Sigismund, et sans doute Bernage, se trouvent profondément transformés par cette aventure, chacun trop humain quitte le plan d’immanence et transcende sa propre condition  pour percevoir le monde dans ce que Christiane Singer nommait la solennité de l’instant.


Une lecture herméneutique.


Trouver le signe sous le texte, et comment une telle histoire, dont  le premier récit se trouve dans l’Heptaméron de Marguerite de Navarre, peut être considérée comme un conte initiatique. Le plaisir du contexte favorise l’imagination et les fantasmes, à une époque où cerfs et loups régnaient sur les forêts d’Europe. Mais au-delà, ce que ce conte dit de nous est parfaitement troublant.


Seul ce qui brûle est l’histoire d’une passion en lumière et ténèbres. C’est aussi l’occasion d’assister au bouleversement des âmes,  et à la renaissance. Travailler à percevoir et à comprendre,  derrière l’œuvre, le chant de l’autrice. Par le rythme de la langue, par les silences qui s’y nichent et par le non écrit. Préparer un dispositif, berceau de l‘insondable, prêt à accueillir lumières, sons, corps d’acteurs traversés.


Et au centre de tout cela le silence.

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