theatre-contemporain.net artcena.fr

Accueil de « Reality »

Reality

Daria Deflorian ( Conception ) , Antonio Tagliarini ( Conception )


: Entretien avec Daria Deflorian

Dans Ce ne andiamo..., la Grèce est le moyen utilisé pour parler de nous, car il n’existe pas un seul pays en Europe qui ne soit frappé par la crise, y compris la riche Finlande. Tout n’est qu’une question de degré. À travers notre regard sur la crise, nous cherchons à explorer artistiquement le point de rupture, le moment où l’humain atteint sa limite et se brise. Si les protagonistes des deux spectacles sont de vieilles personnes, c’est justement parce qu’elles incarnent, d’un côté, une fragilité qui nous concerne tous, de l’autre, la banalité de vies ordinaires derrière lesquelles se cache la singularité extraordinaire de chaque existence. L’âge, la fragilité, l’”inutilité” de la vie de ces femmes âgées ne répondent plus aux impératifs d’”utilité”, de productivité, de “réussite” que la société contemporaine nous impose et, comme tous ceux qui ne rentrent pas dans ces critères, elles en sont exclues : en ce sens, et en tant qu’artistes, nous tentons de partager le même principe d’”inutilité”. À travers la vie extra-ordinaire de quatre retraitées dans Ce ne andiamo..., et de Janina Turek dans Reality, nous explorons la merveilleuse beauté de vies à la marge : une marginalité qui ne veut pas dire émargination, mais qui révèle, au contraire, toute la force, la poésie de tant de créatures “invisibles” qu’il faut sauvegarder, comme les lucioles. (...)


Souvent la “scène du crime” échappe à la réalité, alors que c’est justement ce qui nous intéresse : éclairer l’opacité, le côté obscur de ces vies anonymes. Nous ne voulons ni reconstituer une biographie, ni raconter une histoire suivant une dramaturgie linéaire, mais assembler différentes formes de récit. (...)


Une fois établi un rapport empathique avec l’objet de notre quête, la réflexion peut enfin exploser à partir de la force du détail. Notre travail naît sans réponses, d’une série de questions. La scène devient alors ce dispositif de connaissance dans lequel, par un jeu de reconstruction, nous montrons les étapes de notre quête, cherchant à convoquer un débat intime avec le spectateur : nous partageons avec lui notre expérience, parcourant avec légèreté des sujets qui peuvent être graves, dans le but d’avancer ensemble dans leur compréhension. La forme renouvelle le regard, et dans une réalité contemporaine dense comme la nôtre, nous essayons au moins de remuer le terrain.


  • Entretien avec Daria Deflorian réalisé par Angela De Lorenzis le 3 juin 2015 (extrait)
imprimer en PDF - Télécharger en PDF

Ces fonctionnalités sont réservées aux abonnés
Déjà abonné, Je me connecte Voir un exemple Je m'abonne

Ces documents sont à votre disposition pour un usage privé.
Si vous souhaitez utiliser des contenus, vous devez prendre contact avec la structure ou l'auteur qui a mis à disposition le document pour en vérifier les conditions d'utilisation.