Avec la création de WET ! en septembre 2006 sturmfrei a investi la serre du Théâtre de l’Orangerie.
Les deux textes d’Elfriede Jelinek présentés à cette occasion Je voudrais être légère et Sens : indifférent. Corps : inutile appellent des lieux non institutionnels et libérés de connotations symboliques, des espaces stimulants pour une première rencontre scénique. Les spectateurs furent convoqués au lever et / ou au coucher du soleil, un horaire insolite impliquant concrètement et intimement les corps. Le jeu des actrices se développait dans l’espace épuré de la serre, en lumière naturelle croissante ou décroissante, à l’aube ou au crépuscule.

Physiquement présent, le spectateur est « co-producteur » et porteur d’une attitude et d’une disponibilité singulières, état particulier qu’exigent deux écritures drues, viscérales, froidement précises et obsessionnelles. S’ouvre alors un terrain de liberté pour éveiller la « capacité d’association » du public. Une lecture intégrale de Bambiland (texte dans lequel Jelinek aborde la guerre en Irak à travers sa médiatisation) a été organisée dans la serre de l’Orangerie en parallèle des représentations de WET !, occasion de poursuivre et d’approfondir la discussion sur le théâtre, son public et l’écriture contemporaine.

sturmfrei enquête depuis plusieurs années sur l’auteur autrichienne controversée Elfriede Jelinek, qui, passionnée de théâtre, écrit néanmoins contre le théâtre. Il s’agissait d’une représentation d’un texte, bien entendu, mais surtout d’une rencontre au coeur d’un dispositif théâtral spécifique, pour une expérience tant individuelle que collective. Cette recherche anime la démarche globale de sturmfrei. Les textes de Jelinek ne se donnent pas à jouer dans un sens classique ; ils sont à dire. Comment ? Question abyssale qui ouvre sur les approches possibles du théâtre. Question-Réflexion-Construction-Représentation. La représentation se comprend comme forme publique de recherche pour un théâtre du futur.